“Frère” interroge notre rapport au pardon
L’auteur islandais Halldòr Armand nous conduit sur les traces d’une fratrie rongée par la culpabilité.
Un entrelacs d’énigmes
La trame narrative est à première vue on ne peut plus simple : la jeune Tinna, qui était allée à Berlin fuir une Islande puritaine, vient de disparaitre. Son grand frère Skorri se lance sur sa trace. Mais le chemin est long, truffé de pièges autant moraux que physiques.
Pour mener à bien cette intrigue, Halldòr Armand emprunte mille chemins de traverse. Les personnages et les points de vue sur cette affaire qui semble relever du roman policier se succèdent et s’entremêlent, accompagnant chaque piste apparente d’une nouvelle énigme.
Pardon et rédemption
Cette épaisseur narrative s’accompagne d’une profonde réflexion philosophique dont elle est le prétexte. La disparition de Tinna est en effet l’occasion de voir Skorri s’interroger sur les notions de culpabilité, de pardon et de rédemption. Le grand frère tient d’ailleurs un podcast sur ces thèmes, qui le travaillent depuis sa jeunesse. C’est finalement ce questionnement le sujet premier du livre.
L’une des réussites de Halldòr Armand est de parvenir à nous entraîner dans ces considérations morales sans alourdir son texte ni jouer les professeurs, les interrogations étant portées par les personnages et intégrées à la narration.
Outre la question de la rédemption, Frère aborde des questions essentielles comme celles du deuil, de la fraternité toxique et de la porosité entre le désir de protéger ses proches et celui de les surveiller.
Frère est un livre riche, qui se lit avec plaisir et attention.