“What’s wrong with France”, un essai hâtif de Laurent Cohen Tanugi
Titrant son ouvrage en anglais, pour souligner qu’il est allé chercher dans ses connaissances transatlantiques des ressources pour comprendre la situation, Laurent Cohen-Tanugi essaie d’expliquer pourquoi il y a quelque chose de pourri en République de France. Si le moment est tout bienvenu pour cet essai qui tombe à pic et si la mise en question du politique peut convaincre, la centaine de pages de l’essai reste trop superficielle pour nourrir une réflexion.
[rating=2]
Par les temps qui courent, le sujet choisi par Laurent Cohen-Tanugi est parlant. On lui passerait même son titre “funky” anglais, tant on est avide de savoir ce que l’avocat peut proposer comme analyse sur le malaise ambiant. Et cela commence plutôt bien avec un constat qu’on aimerait bien qu’il démontre : “La source du mal français est d’abord politique”. L’auteur en appelle à la globalisation et à la remise en cause du rôle de l’Etat dans un vieux pays européen très centralisé et devant cette proposition qui fait sens, on retient son souffle. Mais la réflexion s’arrête à cette thèse qui fait penser à une dissertation de deuxième année de cours d’Institutions Politiques. De fait, elle est à peine illustrée, jamais montrée et rien n’est proposé pour pallier le malaise, puisque les 100 pages de cet essai “coup de sang” sont dédiées à montrer que les Français (et surtout leurs élites, la masse ressemble aux sacs de pommes de terres de Marx) ne sont pas assez internationaux, pas assez impliqués dans la politique, pas assez férus d’égalité… On apprend alors que le pays devrait “se réformer” (cela est dit dans l’absolu, sans aucune précision pour les pistes à suivre) tandis que l’auteur en appelle soudainement à un sauveur venu de l’opposition pour remettre la France dans la course et l’ordre du monde. Encore une fois le coup de l’homme providentiel? Très décevant.
Laurent Cohen-Tanougi, What’s wrong with France?, Grasset, 120 p., 10 euros. Décembre 2014.
“La réinvention du pays suppose, certes, la poursuite plus vigoureuse de l’action réformatrice entamée en large part durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, pour permettre et si possible favoriser le changement des structures institutionnelles, des mentalités et des comportements, et à tout le moins, ne pas l’entraver” p. 107
visuel : couverture du livre