Sylvain Venayre, Les origines de la France
Maître de conférences habilité à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Sylvain Venayre vient de publier, aux éditions du Seuil, un ouvrage sur les origines de la France. Il avait dernièrement écrit Panorama du voyage. 1780-1920, paru en 2012 aux Belles Lettres.
HISTOIRE DE LA FRANCE
Le marché de l’histoire de France se porte bien. En effet, l’histoire de France est tout, sauf un long fleuve tranquille… Depuis deux siècles, c’est le lieu d’un long et violent débat. Après la Révolution française, on a écrit non pas l’histoire de France, mais l’histoire de la nation française. Plus récemment, sous la présidence sortante, il y avait eu un débat passionné sur l’identité nationale. Lorant Deutsch pourrait aussi en témoigner…
DE QUAND « DATE » LA FRANCE ?
Cette question hanta beaucoup d’historiens, comme par exemple les frères Guizot, J. Michelet, E. Quinet, Fustel de Coulanges, Vidal de la Blache, E. Lavisse, Jullian, Rambaud… Pendant plus d’un siècle, cette question n’eut de cesse de mobiliser et de tourmenter un nombre incalculable d’historiens.
QUE SIGNIFIENT « LES ORIGINES » DE LA FRANCE ?
Dans l’historiographie, il est souvent question des Francs, des Gaulois, du baptême de Clovis. On y retrouve aussi les métaphores de l’arbre, du sang, de la famille, de la personne, du fil, du germe, du chêne, par lesquelles les historiens exprimèrent leurs conceptions des origines nationales.
Cet ouvrage savant comporte dix chapitres très bien écrits. Il fait le tour de la question de la façon la plus élégante possible. L’ouvrage comprend une anthologie de textes sur les origines de la France, ce qui permet de rafraichir les connaissances et de découvrir les « pièces » du dossier. Traditionnellement, on fait remonter les origines de la France aux Gaulois, alors que les Gaulois ne sont que l’une des nombreuses couches de peuplement qui, de brassages en fusions, ont fini par produire la France actuelle, celle du XXe siècle.
En effet, voir les Gaulois comme la préfiguration des Français constitue un choix nationaliste. Eminemment politique, ce choix fut notamment réalisé par les instituteurs de la IIIe République après la défaite du maréchal Bazaine à Sedan en 1870. Les Gaulois étaient en effet différents des Germains. Ils étaient aussi l’ennemi héréditaire de Rome.
En fait, la solution le plus correcte, ce serait de rechercher les origines du sentiment national. Comme l’écrivit autrefois le général de Gaulle dans ses Mémoires d’espoir, « la France vient du fond des âges ».
Sylvain Venayre, « Les origines de la France », Le Seuil, avril 2013, 448 p., 25 euros.
