Essais
Philippe Raynaud analyse la “Politesse des Lumières”

Philippe Raynaud analyse la “Politesse des Lumières”

25 January 2014 | PAR Jean-Paul Fourmont

Professeur de sciences politiques à l’Université Panthéon-Assas Paris II, Philippe Raynaud a dernièrement publié un stimulant ouvrage sur la Politesse des Lumières. Paru chez Gallimard, l’ouvrage étudie les multiples résonances philosophiques et anthropologiques de la politesse, des lois, des mœurs et des manières en évoquant tour à tour des penseurs majeurs tels que Voltaire, Montesquieu, Hume, Rousseau, Kant, Madame de Staël, Stendhal et Tocqueville.

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raynaudLE CONCEPT DE POLITESSE, UN FRUIT DE LA PHILOSOPHIE DES LUMIÈRES
Certes les Lumières n’inventèrent pas la civilité ni la politesse, mais elles leur donnèrent « une portée morale et une densité philosophique radicalement nouvelles ». Sa signification politique et morale fut réévaluée. Ambitionnant de s’affranchir des angoisses religieuses, le siècle de la raison célébra la civilité en vue d’exprimer une confiance nouvelle dans la nature humaine. En effet, les hommes seraient naturellement sociables et le progrès des manières contribue à les rendre plus heureux et plus vertueux.

LES INCONTESTABLES AMBIVALENCES DE LA POLITESSE
Au XVIIIe siècle, la France incarnait avec le plus d’éclat cette civilité brillante et raffinée, mais à certains égards hypocrite, voire immorale, que l’on appelle la politesse. Celle-ci peut en effet contribuer à dissimuler le mensonge et à favoriser la domination. Telle était parfois la position défendue par Rousseau. Les auteurs des Lumières tenaient la politesse française pour la fine fleur de la civilité moderne, mais ils entretenaient un rapport critique à son endroit, si bien qu’ils s’interrogeaient sur sa valeur.

C’est cette passionnante discussion, ou plutôt cette conversation, que Philippe Raynaud restitue dans toute sa diversité et toute sa richesse. L’universitaire rappelle l’affinité native des manières françaises avec la monarchie absolue, où les élites étaient plus oisives qu’ailleurs. Tout opposait ce goût pour le raffinement le plus extrême à la simplicité des mœurs de la libre Angleterre et à la recherche allemande d’authenticité. Le professeur Raynaud s’intéresse également au « règne des femmes » qu’il considère comme consubstantiel à la civilité. Il rend sensible la relation intime, souvent oubliée aujourd’hui, des lois, des mœurs et des manières.

P. Raynaud, La politesse des Lumières. Les lois, les mœurs, les manières, Gallimard, 2013, 304 p., 23 euros.

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Jean-Paul Fourmont
Jean-Paul Fourmont est avocat (DEA de droit des affaires). Il se passionne pour la culture, les livres, les gens et l'humanité. Contact : [email protected]

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