“Un monde parfait selon Ghibli” : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Ghibli sans jamais oser le demander
Toute la Culture fait un focus sur Un monde parfait selon Ghibli. Comme son titre l’indique, cet essai cinéma d’Alexandre Mathis, retrace toute l’histoire du studio mythique d’animation japonais créé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Mais l’ouvrage va plus loin en analysant les thèmes majeurs des œuvres produites et en jetant un regard vers l’avenir. Passionnant.
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Playlist Society, éditeur d’ouvrages sur le cinéma (L’horizon de Michael Mann, Tony et Ridley Scott, frères d’armes, …) enrichit sa collection d’un nouvel ouvrage : Un monde parfait selon Ghibli de Alexandre Mathis.
Pour commencer, Un monde parfait selon Ghibli répare une injustice. Si l’on parle toujours de Hayao Miyazaki et de ses réussites majeures – Porco Rosso (1992), Princesse Mononoke (1997), Le Voyage de Chihiro (Ours d’Or à Berlin en 2002 : un fait rarissime pour un film d’animation), le grand public oublie un peu trop souvent le regretté cocréateur du studio Isao Takahata – auteur du sublime Le Tombeau des Lucioles (1988), Pompoko (1994), Mes voisins les Yamada (1999), Le conte de la princesse Kaguya (2013) -. Les autres réalisateurs comme Tomomi Mochizuki, Yiroyuki Morita, Goro Miyazaki (le fils de Hayao), Hiromasa Yonebayashi, ne sont pas oubliés.
Alexandre Mathis, déjà auteur de Terrence Malick et l’Amérique chez le même éditeur, fait une lecture passionnante des films Ghibli. On découvre les thématiques importantes des œuvres. Les femmes sont au cœur de toutes les productions. Cette prise de position dépasse largement le cadre de la cinématographie. Elle correspond aux convictions féministes fortes de Miyazaki et ses confrères. D’autres thèmes, connus, comme la place de la nature, des éléments et de l’écologie dans les productions Ghibli sont également abordés. Les influences et inspirations sont dévoilées (le cinéaste Paul Grimault auteur de La Bergère et le Ramoneur, Alice au pays des Merveilles de Lewis Carroll, bien que Miyazaki s’en défende).
Un monde parfait selon Ghibli n’est pas une hagiographie du studio. On apprend notamment que Myazaki a décidé de prendre sa retraite à trois reprises avant de revenir (d’après l’auteur “A chaque fois, l’envie de raconter des histoires, l’ennui et une certaine méfiance vis-à-vis de ses successeurs potentiels le poussent à reprendre le crayon” ). On découvre aussi que les films, qui sont de grosses productions (aux nombreux décors et personnages, animation et style graphique somptueux), ne rencontrent pas tous le succès. Loin s’en faut ! Le studio est plusieurs fois mis à mal et connaît de vraies crises.
Ainsi, Un monde parfait selon Ghibli, tout en étant optimiste sur l’avenir du cinéma d’animation japonais, se pose la question du futur de Ghibli.
Clair, bien écrit et documenté (on découvre les us et coutumes du studio et de ses artistes), Un monde parfait selon Ghibli est un ouvrage éloigné du style pompeux et prétentieux de certains essais. Le livre d’Alexandre Mathis s’adresse à tout le monde. C’est une bonne chose ! Les plus exégètes de Ghibli seront en terrain connu. Pour autant, ils apprécieront le travail minutieux d’analyse et de recherches fourni par l’auteur. Quant aux néophytes, ils seront captivés par la formidable aventure artistique et humaine que représente Ghibli.
Un monde parfait selon Ghibli de Alexandre Mathis – Editions Playlist Society – publié le 25 septembre 2018 EdPS013 – 14 x 18,4 cm – 176 pages – cinéma / essai 14€
Visuel : Lucien de Baixo et Playlist Society