Essais
Modes pratiques, revue de détail de l’histoire du vêtement

Modes pratiques, revue de détail de l’histoire du vêtement

12 June 2017 | PAR Jérôme Avenas

Le deuxième numéro de « Modes pratiques », revue d’histoire du vêtement et de la mode porte un titre qui peut sembler au premier abord induire l’antithèse du projet :  « sans la mode ». Peut-on vivre sans elle ? De « l’uniforme rigoriste » des religieux, aux « régimes autoritaires qui décrètent des uniformes », en passant par « les utopies de l’apparence »  et « le paradoxe des ‘anti-modes’ », la revue explore des tentatives de vie sans la mode. Solide et passionnante, une revue indispensable qui donne des outils pour comprendre l’histoire du vêtement.

sanslamode

C’est un gros pavé que vous tenez entre les mains, passionnant de la première à la quatre-cent-quarante-septième page. À l’origine du projet, deux institutions : l’IRHIS (Université de lille 3) et l’École Duperré (Paris). Pour ce deuxième numéro, c’est Manuel Charpy, chargé de recherche au CNRS/IRHIS Lille 3 qui a coordonnée la trentaine d’articles et c’est Patrice Verdière, professeur d’arts appliqués (il enseigne le design graphique et la communication à l’école Duperré depuis 2008) qui a mis en page, conçu et réalisé.
Des culs-nus des festivaliers italiens du Free Folk Pop (photographiés par Walter Battistessa en 1971) de la première de couverture, au Saint François de Francisco de Zurbaran (1639) au verso, le lecteur est prévenu, ce deuxième numéro de Modes Pratiques va chercher la mode là où elle paraît absente.
Chez les Amish, par exemple, communauté religieuse née en Suisse de la réforme protestante avant de s’ancrer aux États-Unis. Les Amish « sont attachés à une séparation visible du reste de la société sécularisée qui les entoure. » Les membres de la communauté sont facilement identifiables : autour de 1880 « le vêtement Amish [s’est] fig[é] pour devenir un emblème religieux. »  Rien n’a changé depuis cette époque. Cependant, nous explique Donald B. Kraybill (traduit par Manuel Charpy) : « de l’extérieur, les Amish apparaissent tous semblables. Un regard plus proche révèle pourtant une mosaïque de détails qui, du fait même de l’uniformité des vêtements, portent sens et distinctions – genre, âges, rites de passage, statut marital, obédience, rituels religieux… Les vêtements donnent des indices subtils quant à la conformité des individus aux normes du groupe. »
Avec Sylvain Villaret on aborde le rapport de la mode avec la philosophie naturiste et l’on découvre que « le corps nu n’est pas la seule voie d’affirmation du naturisme et qu’il existe tout un ensemble de tenues, de vêtements jugés plus ou moins respectueux des valeurs du naturisme. » Du reste, le naturisme est à envisagé, non seulement comme un « discours idéaliste générateur de pratiques, mais aussi en tant qu’objet de consommation, socialement et temporellement situé. » Des premiers pas de la médecine « naturiste » où il s’agit de mettre « le corps à l’épreuve de la nature », au développement des cures au XIXème siècle on assiste à l’avènement d’une économie du vêtement naturiste. Le docteur Kneipp, par exemple « est contre les habits de laine en contact immédiat avec le corps. Il y préfère la toile sèche et solide de lin ou de chanvre, comme second épiderme [car] elle n’amollit pas la peau, mais lui procure de bonnes frictions. » Vers la fin des années 30 « les naturistes  d’Héliopolis, surnommée l’île des seins nus, ont opté (…) pour le minimum, nom que l’on donne alors au cache sexe tenu par une ficelle que portent hommes et femmes. Être naturiste ne rime pas alors avec nudité totale. »
Copieusement illustrée, ponctuée d’entretiens, la revue « Modes pratiques » avec une grande rigueur intellectuelle, traque aussi le sujet « décalé » et le comique involontaire. Jubilatoire.

Modes pratiques, revue d’histoire du vêtement et de la mode, N°2 sans la mode, publiée par l’École supérieure des arts appliqués Duperré Paris et par l’Institut de Recherches Historiques du Septentrion, Université Lille 3, 2017, 15€

Où trouver la revue ?

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2 – Dans les librairies partenaires :
Librairie des Arts décoratifs
107 rue de Rivoli 75001 Paris
Librairie Petite Égypte
35 rue des Petits Carreaux 75002 Paris
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20 rue Dupetit-Thouars 75003 Paris
Librairie Comme un roman
39 rue de Bretagne 75003 Paris
Les Cahiers de Colette
23 rue Rambuteau 75004 Paris
Les Mots à la bouche
6 Rue Sainte-Croix de la Bretonnerie 75004 Paris
Le Comptoir des lettres
52 Boulevard Saint Marcel 75005 Paris
Librairie Compagnie
58 rue des Écoles 75005 Paris
Librairie Violette and Co
102 rue de Charonne 75011 Paris
Librairie du Palais de Tokyo
13 avenue du Président Wilson 75016 Paris
La librairie de Paris
7,9,11 place de Clichy 75017 Paris
L’Atelier
2bis rue du Jourdain 75020 Paris
Le Comptoir des mots
239 Rue des Pyrénées 75020 Paris
Le Genre urbain
60 rue de Belleville 75020 Paris
Le Merle moqueur
51 rue de Bagnolet 75020 Paris

Lille : Librairie Meura
25 rue de Valmy 59000 Lille

Roubaix : Librairie Les Lisières
32 Grand Place 59100 Roubaix
La Manufacture de Roubaix
29 Avenue Julien Lagache 59100 Roubaix

Lyon : Librairie Passages
11 rue de Brest 69002 Lyon

Bruxelles : Librairie Tropismes
11, Galerie des Princes 1000 Bruxelles

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