
Marie Thirion : Pourquoi j’ai faim ?
Pédiatre, fondatrice de l’association « Formation Co-naître » et gérante de l’Institut prévention santé en néonatologie, le docteur Marie Thirion (http://www.mariethirion.fr/) est l’auteure d’ouvrages sur l’allaitement ainsi que sur les compétences et le sommeil des nouveau-nés. Elle vient de publier une étude sur un sujet d’actualité : les ressorts de la faim, la peur de manquer et la folie des régimes. L’ouvrage vient de paraître chez Albin Michel.
LA FAIM, UN BESOIN
Besoin viscéral et inné, avant d’être appétit, la faim ne se maîtrise pas, elle se vit. La faim est une pulsion, l’appétit un équilibre. La fringale, quant à elle, est un terme vétérinaire, c’est un accès de violence. C’est la faim mauvaise, décrite en Irlande au cours des famines.
LA PEUR DE MANQUER
Profondément ancrée dans notre histoire, la faim ravive l’éternelle peur du manque. Mais pourquoi donc est-elle si intense dans nos sociétés d’abondance, pourtant obsédées par la minceur ? A cet égard, il est clair que les angoisses des générations passées retentissent sur celles d’aujourd’hui. Manger, explique le docteur Thirion, c’est à la fois se nourrir et se souvenir. Il est très difficile de se détacher d’une tradition alimentaire, familiale, provinciale ou religieuse, bref d’une culture marquée par le manque.
LE CORPS PARLE
Il faut différencier besoin, désir et émotion. Comprendre pourquoi nous avons faim est sans doute le meilleur moyen de vivre en harmonie avec cette « merveilleuse pulsion » qui nous fait vivre, grandir et durer.
Après avoir étudié la faim sous tous ses aspects, Marie Thiron estime qu’il faut en finir avec les régimes. Selon elle, tous les régimes, notamment s’ils sont rapides, dérèglent les paramètres de la faim. La mort provient du bouleversement des organes du corps. D’une manière générale, on fait trop peu de cas des traces de vie dans nos tissus et dans nos inscriptions cérébrales.
Le problème n’est pas d’arriver à maigrir, mais de maintenir sur la durée la perte ainsi obtenue. Il faudrait s’intéresser aux raisons profondes des inexorables reprises de poids. Il faut changer notre façon de vivre et maintenir une activité physique régulière.
L’auteure passe en revue les apprentissages et les conditionnements que nous rencontrons au cours de notre vie. La solution est d’en finir avec la peur de manquer. De plus, il n’existe actuellement aucun coupe-faim sur le marché.
Une enquête qui interroge et permet d’avancer sur ce chemin délicat pour beaucoup de personnes.
Marie Thirion, Pourquoi j’ai faim ?; éditions Albin Michel, août 2013, 327 p., 19,50 euros.