« Le dictionnaire amoureux des oiseaux » d’Allain Bougrain Dubourg : la passion est contagieuse

Spécialiste reconnu en ornithologie, Allain Bougrain Dubourg nous révèle dans Le dictionnaire amoureux des oiseaux un monde secret et envoutant.

Sur les chaînes de télévision, chaque année, au premier mai, Allain Bougrain Dubourg était à l’honneur. Il ne défilait pas en tête des cortèges syndicaux, il manifestait contre le braconnage des tourterelles des bois du Médoc. On garde de lui l’image d’un homme courageux, qui n’avait pas peur de croiser le fer avec des chasseurs. Et, son combat et sa patience, ont porté ses fruits.

Sa pugnacité est présente dans Le dictionnaire amoureux des oiseaux. Ainsi, cet ouvrage est un modèle de pédagogie et de clairvoyance. 

La LPO (Ligue de protection des oiseaux)

Cette vieille dame est née en 1912, à la suite de safaris organisés près de l’archipel des 7 îles, face à Perros-Guirec dans les Côtes-du-Nord (aujourd’hui Côtes-d’Armor). Avec, en ligne de mire, le macareux moine. En quelques saisons de chasse, la colonie passe de 20.000 à 2000. Des amis des oiseaux s’insurgent alors contre cette pratique : c’est le début de la LPO. Allain Bougrain Dubourg rejoint cette association en 1986 et contribue à son développement. De 3 salariés et 3000 membres, elle est passée à 600 salariés et 60.000 membres, dont 800 bénévoles. Selon le président, la clé de la réussite est liée surtout à la convivialité qui règne dans les équipes.

La défense des oiseaux reste le cœur de métier de la LPO. Mais, celle-ci se préoccupe aussi de la biodiversité dans son ensemble.

Les femmes et les hommes

Jean-Jacques Audubon

Peu connu du grand public, il est pourtant le plus grand peintre naturaliste, et ornithologue, de tous les temps. En 2010, un ouvrage de l’artiste fut adjugé pour 8,6 millions d’euros chez Sotheby’s.

Mais, ce n’est pas la raison pour laquelle Audubon a de la valeur pour l’auteur : la nature est sa priorité. Un jour, il décide de représenter tous les oiseaux d’Amérique du Nord grandeur nature. Simplement, en descendant le Mississipi, avec son fusil, son matériel de peinture et un assistant.

Brigitte Bardot

Le sex-symbol des années 60 est une égérie du grand public. Elle fut aux côtés d’Allain Bougrain Dubourg, sa compagne de lutte et de fortune. Dans Le dictionnaire amoureux des oiseaux, le président de la LPO lui demande ce que lui inspire l’œuf. Elle y répond joliment : « Un mystérieux objet d’art dans la pureté et la douceur de sa forme. Et à la base de la création du monde, car il renferme la vie. Un écrin précieux. Mais qui de nos jours lui accorde d’autres vertus que de finir en omelette ? ».

Jean-Paul Belmondo

L’As des As est une connaissance ancienne de Bougrain Dubourg. Ce dernier appréciait l’engagement de Bebel contre la souffrance animale : la vivisection, la tauromachie, les chiens abandonnés… L’acteur était de tous ces combats, avec Jean Rochefort, Robert Hossein ou Philippe Noiret.

Jacques Perrin

A 27 ans, cet homme produisit Z de Costa Gavras et obtient l’Oscar du meilleur film étranger.

En Normandie, l’ami de Bougrain Dubourg a construit des volières, et des bassins, pour éduquer près de 150 oiseaux nés dans des couveuses. En 2001, il se lance dans le plus ambitieux long métrage sur les oiseaux, trois ans de tournage : Le Peuple Migrateur. « L’aisance et la grâce sont au rendez-vous. L’excellence résume l’exploit ».

Les oiseaux

Avec Le dictionnaire amoureux des oiseaux, Allain Bougrain Dubourg a su éviter l’écueil de la fiche technique (signes de reconnaissance, habitat…). Certes, ces documents, proposés aussi par la LPO, sont un outil pédagogique important, mais qui ne parlent pas aux profanes.

Pour cela, l’auteur ne nous impose pas une liste exhaustive d’oiseaux, mais il fait une sélection subjective bien sûr, mais vivante. La mésange charbonnière, le busard cendré, l’hirondelle, le pic noir, …

Leur mode vie

L’accouplement

« Pourquoi diable le bon Dieu a-t-il privé les oiseaux mâles de sexe ? Pas l’ombre d’un pénis, aucune verge, pas davantage de zizi, rien ! ».

En fait, ils utilisent leur cloaque. Il s’agit de mettre en contact le cloaque de chaque sexe, on parle de « baiser cloacal », et… l’affaire n’est pas simple.

Le chant des oiseaux

Pour les scientifiques, il vise essentiellement la défense du territoire et la reproduction. Certains oiseaux empruntent parfois le chant d’une autre espèce, souvent pour mieux la repousser. L’étourneau sansonnet est passé maître dans l’art de l’imitation. L’alouette des champs a un répertoire de près de 600 notes et syllabes.

La parade

« Pendant longtemps, on a estimé que les oiseaux, et tous les êtres vivants, ne se reproduisaient que pour générer des descendances. Seul l’homme s’accouplait par amour et surtout par plaisir ». Mais chez les oiseaux, la séduction, même passagère au cours de l’année, est un ravissement. Le paon faisant la roue est un exemple typique.

Les organes des sens

La vue

En 1770, Buffon estimait que « les oiseaux possédaient une vue plus étendue, plus aiguisée, plus exacte et plus précise, en général, que celle des quadrupèdes ».

La chouette hulotte possède une pupille nettement supérieure à celle de l’homme, qui permet d’améliorer la perception. Leur œil restant fragile, les oiseaux ont une paupière additionnelle translucide qui balaie l’œil dés que nécessaire. La plupart des oiseaux (comme le pigeon ou les rapaces) ont une sensibilité à l’ultraviolet, très utile pour repérer les proies. Ils voient aussi sous l’eau.

L’odorat

On a cru que les oiseaux étaient privés de ce sens. Mais, des chercheurs ont montré que cette assertion était fausse, et que chez certaines espèces, l’odorat jouait un rôle essentiel. Cela explique ainsi la grande mobilité des pigeons.

La mésange bleue choisit certaines herbes aromatiques, comme la lavande et la menthe, dont le but est de garder leur nid sain.

L’auteur a eu l’idée originale de mettre des citations qui concernent les oiseaux. L’une d’elles, de Marguerite Duras, syncrétise l’esprit du dictionnaire amoureux des oiseaux : « Les oiseaux, c’est comme l’amour, ça a toujours existé. Toutes les espèces disparaissent, mais pas les oiseaux. Comme l’amour ».

Quiconque a vu l’envol de flamants roses en Camargue, ou la grâce d’un colibri butinant une fleur dans les Caraïbes, ne saurait l’oublier.

Le dictionnaire amoureux des oiseaux d’Allain Bougrain Dubourg. Éditions PLON, 2023, 539 pages, 26 €.

Visuel : couverture du livre