L’anthropocène décodé pour les humains
En quelques pages, le spécialiste franco-allemand de l’éducation Nathanaël Wallenhorst fait le point sur l’anthropocentrisme. Lumineux.
Après avoir laissé parlé la terre ou plutôt sa surface chamboulée en prologue, Le chercheur revient d’abord sur la formation d’un concept, créé par Eugène Stormer et popularisé en 2000 par le géochimiste Paul Crutzen. Même si la « question de l’impact de l’activité humaine sur l’ensemble de la biosphère » (p. 33) est une préoccupation majeure depuis au moins les années 1970 (Club de Rome sur les limites de la croissance en 1972). L’anthropocène suit l’holocène et définit une mutation radicale de la fine couche terrestre sur laquelle la vie a été rendue possible : accroissement de la proportion des océans, température augmentée … etc. Les scientifiques n’arrivent pas encore à se mettre d’accord sur le moment clé où l’on passe de l’holocène à l’anthropocène: les débuts de la révolution industrielle ? Du nucléaire? La fin du 20e siècle ? Peut être aussi parce que comme certains critiques le soulignent, le concept repose plus sur l’étude de l’histoire humaine que sur des éléments géologiques d’où l’importance de la stratigraphie et de savoir planter « le clou » qui sert de repère.
Mais Nathanaël Wallenhorst nous convainc que le concept est important au-delà des sciences : d’abord parce que c’est un concept politique et ensuite parce que c’est un concept pragmatique qui permet un raisonnement en limites à ne pas dépasser. Dès lors si scientifiquement l’idée de mettre un holà à la croissance tous azimuts tient, avec l’anthropocène des objectifs peuvent être fixés: on est donc du côté du développement durable et d’un travail indispensable pour que nous ne « sacrifions pas les générations futures » selon l’interdit de Hans Jonas dans le Principe Responsabilité.
Nathanaël Wallenhorst, L’anthropocène décodé pour les humains, Le pommier, 204 p., 16 euros. Sortie le 16/02/2019
Visuel : couverture du livre