Essais
Elise Thiébaut – Mes ancêtres les gauloises, une autobiographie de la France – A la recherche de l’identité française

Elise Thiébaut – Mes ancêtres les gauloises, une autobiographie de la France – A la recherche de l’identité française

09 September 2019 | PAR La Rédaction

Elise Thiébaut revient avec un essai à paraître en septembre 2019 aux Editions La Découverte. Après une enquête sur le tabou des règles, publiée en mars 2019, elle interroge cette fois ses origines afin de pouvoir donner sa version de l’identité française et se réapproprier le récit national face aux idéologies nationalistes. Salutaire.

 Par Lea Schiavo

Les français « de souche » seraient, selon certains, la quintessence de l’identité française. Une ascendance dont les racines sont incontestablement établies en France serait le curseur permettant de distinguer ceux qui le sont et ceux qui ne le sont pas. Elise Thiébaut entend contrer cette idéologie malsaine.
Elise Thiébaut, qui à première vue, appartient à cette catégorie, remet en question le « privilège blanc » et pour cela, elle fait appel à la « science » : les tests d’ADN dits récréatifs.
Ceux-là même qui, à grand renfort de publicités tire-larmes, proclament leur volonté d’éradiquer le racisme en donnant accès à tous ceux qui le veulent une analyse génétique permettant de retracer leurs origines. L’argument : comment être raciste en se découvrant des racines du monde entier ?

En fait de science et d’objectifs humanistes, il s’agit en réalité d’un commerce très lucratif dont la portée n’est pas à prendre à la légère. Dérives eugénistes, revente des données au secteur pharmaceutique, questions éthiques… Elise Thiébaut n’est pas tout à fait à l’aise quand elle se lance dans cette auto-analyse. Mais ce qu’il en ressort lui permet de remonter le fil de sa généalogie qui, sans surprise, se révèle bien plus complexe que ce que son nom de famille laisse entendre.

Elle met en perspective cette recherche individuelle avec le récit national, antérieur et contemporain à sa génération. Si ses origines ne sont pas si claires, il en est de même pour le récit national dit « français ». A l’échelle d’un individu, d’une famille, d’une communauté ou d’un pays, c’est ce que l’on veut bien faire entrer dans la mémoire collective qui constitue le récit et l’histoire avec un petit ou un grand H.

Afin de diversifier les sources d’informations participant à cette réécriture, Elise Thiébaut nous propose des modèles féminins, figures de l’Histoire dont les exploits et faits marquants ont été occultés par les récits des hommes.

Ces figures féminines jalonnent son enquête et c’est à elles qu’elle se rapporte et rapporte les événements historiques en parallèle de sa généalogie.
Dans la filiation du Mouvement de Libération de la Femme, qui déclarait sur la tombe du soldat inconnu en 1970, « Il y a plus inconnue que le soldat inconnu : sa femme », elle les présente comme modèles « alternatifs » et même si on peut déplorer que l’on doive utiliser la formule « alternatifs », tout le mérite de les passer en lumière est là.

La psychogénéalogie est une discipline qui prend de l’ampleur et se trouve de plus en plus créditée dans la communauté scientifique aujourd’hui. Elise Thiébaut livre une introspection salutaire, tant pour elle que pour le lecteur. Et cela signifie aussi devoir faire face aux épisodes les plus honteux de son histoire familiale. Mais n’est-ce pas le meilleur moyen de se réapproprier son histoire et de redéfinir une fiction familiale écrite probablement par d’autres ?

C’est grâce à cela qu’Elise Thiébaut livre une enquête qui remonte à des temps reculés, où la France était loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui, ce qui permet d’apporter l’énième confirmation que l’identité est un construit, évoluant au gré des migrations, des métissages, des événements de l’Histoire. Ce qui permet aussi et surtout de confirmer que cette identité est également façonnée par les femmes.

Elise Thiébaut, Mes ancêtres les gauloises – Une autobiographie de la France, Editions La Découverte, 250 pages, 19,00 €
Date de publication 5 septembre 2019

 

Visuel : © La Découverte

Emmanuelle Martinat-Dupré nous parle de l’exposition « Roland Topor »
Fatou Diome – Les veilleurs de Sangomar – Un conte d’amour et de liberté
La Rédaction

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration