Essais
“Détruire le fascisme islamique”, le livre orange vitaminé de Zineb

“Détruire le fascisme islamique”, le livre orange vitaminé de Zineb

15 November 2016 | PAR Yaël Hirsch

Alors qu’elle vient de quitter de Charlie Hebdo, où elle était l’une des survivante de l’attaque du 7 janvier 2015 et écrivait sur les religions, la sociologue et journaliste Zineb El-Rhazoui, alias Zineb, publie une deuxième livre aux éditions Ring cette année 2016, après 13. Plaidoyer en faveur de l’esprit critique vis-à-vis des religions en général et de l’Islam en particulier, Détruire le fascisme islamique nous enjoint à arrêter de nous arrêter aux portes de l'”Islamophobie”.

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Réduire l’identité islamique à une charia qui s’est figée à la mort de Mahomet, c’est condamner cette culture à la disparition. L’islam n’a de place dans le monde moderne qu’en tant que législation. pas plus que le christianisme ou le judaïsme. Il ne pourra survivre qu’en tant qu’héritage culturel sécularisé, critiqué, soumis à la loi et à la raison” p. 35.

Allant puiser aux sources de certaines sourates du Coran et dans les Hadiths, notamment dans les épisodes de “guerres” du prophète contre les populations juives et dans ceux de sa passion pour certaines femmes pré-pubères ou appartenant à son fils adoptif,  Zineb explique qu’il y a dans l’Islam même et dans la figure du Prophète une grande violence. Selon l’intellectuelle, vouloir entièrement dé-scinder islam et islamisme est une tâche impossible car les ferments du terrorisme sont dans le religion musulmane. Et elle dénonce le mot-valise d’islamophobie utilisé pour discréditer tout esprit critique par rapport à l’emprise idéologique de l’Islam. La pente est très glissante qui mène de” l’Islamophobie” à taxer de “raciste” toute personne critique vis-à-vis de cette religion. Or, comme le rappelle Zineb, en France notamment, la loi a rendu le racisme criminel. Personne ne veut passer pour raciste! Docn personne n’ose plus critiquer l’islam (ou presque). Cette situation est d’autant plus dangereuse qu’elle fait le jeu des islamistes, qui se considèrent non pas comme des individus mais comme une communauté planétaire en guerre, prête à adopter une démocratie – autrefois honnie – pour mieux la “vider de sa substance”.

Le propos est tonique, l’attaque puissante et argumentée. On peut se poser la question de savoir si l’Islam mis en avant par la femme “la plus protégée” de France n’est pas un peu monolithique par rapport à la diversité des courants et des pratiques. De même, la démonstration qu’il s’agit d’une forme de fascisme est aussi un peu rapide.  Mais il n’empêche que la cohérence du propos marque et que Zineb ouvre une question importante : in fine, si nous vivons dans un monde marqué par le relativisme des valeurs qui sont en lutte entre elles, il ne faudrait pas que la valeur du “politiquement correct” ne l’emporte sur notre sens de la raison, de l’égalité et de la liberté. Une sonnette d’alarme engagée – et aussi féministe- intelligemment et efficacement tirée.

Zineb, Détruire le fascisme islamique, Ring, 70 p., 6.90 euros.

visuel : couverture du livre

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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