Essais
Benoit Bertrand-Cadi  revient sur le meurtre du préfet Erignac

Benoit Bertrand-Cadi revient sur le meurtre du préfet Erignac

01 April 2013 | PAR Jean-Paul Fourmont

Le journaliste Benoit Bertrand-Cadi vient de publier, aux éditions Tallandier, La véritable histoire du commando Erignac, lequel tua le préfet Erignac le 6 février 1998. Ce fut une très grande tragédie, qui marqua le pays tout entier.


L’HISTOIRE PERSONNELLE DES HOMMES DU COMMANDO ERIGNAC

L’histoire personnelle des hommes du commando Erignac se confond avec l’histoire de la Corse. Elle renvoie à l’omerta, c’est à dire la loi du silence qui est le mal corse par excellence. L’un des paradoxes de cette affaire, c’est que les protagonistes avaient tous un métier et étaient parfaitement insérés dans la société.

EN 1960, APRÈS LA PERTE DE L’ALGERIE, LA FRANCE VEUT FAIRE SES ESSAIS NUCLEAIRES EN CORSE

La guerre d’Algérie contribua à une très grande agitation en Corse et Paris recula. L’arrivée de plus de 20.000 rapatriés corses produisit un choc majeur sur l’Ile de beauté. Le 27 juin 1967, les plasticages débutèrent. Un rapport d’experts américains (Hudson Institute) estima que la métropole traitait la Corse comme une colonie.

UNE SUCCESSION DE CRISES
En 1962, la pollution de la baie de Bastia, à cause d’une société italienne appelée Montedison, provoqua de nouveaux incidents. Quelques années plus tard, le 21 août 1975, la prise d’otage de rapatries à Aléria déboucha sur une grave crise.

Les gouvernements successifs de gauche et de droite accordèrent des faveurs financières aux Corses. Alain Juppé, en tant que premier ministre, décida de ne plus accorder de facilités et il exigea même des réformes, ce qui aboutit à une tension en Corse que dut gérer le préfet Erignac.

SARKOZY ET LA CORSE
Les liens entre l’ancien président et la péninsule ont toujours été très étroits. Durant la traque d’Yvan Colonna, Jean Sarkozy continua de faire du tennis avec le fils de l’homme le plus recherché du pays. Ce qui est pour le moins paradoxal… Surtout qu’Yvan Colonna avait été repéré et que son arrestation fut curieusement bloquée pendant plusieurs mois.

LA STRATÉGIE DES MEMBRES DU COMMANDO ERIGNAC
La stratégie des membres du commando était simple, il s’agissait de plaider l’acte politique. Pour l’auteur de l’ouvrage, il ne fait aucun doute qu’Yvan Colonna était l’un des tireurs impliqués dans l’attentat contre le préfet de la République.

De plus, Benoît Bertrand-Cadi indique que les membres du commando devaient utiliser des talkiewalkies et qu’Yvan Colonna s’en était servi le matin de l’attentat pour récupérer des chèvres. Ceux-ci étaient déchargés pour la besogne du 6 février 1998. Ce qui obligea le commando à utiliser des téléphones portables et donc à être géolocalisables.

L’enquête de Benoit Bertrand-Cadi est excellente, c’est une véritable réussite. L’ouvrage est très bien documenté. L’auteur démontre que le problème corse ne date pas d’aujourd’hui. Il rappelle également la complaisance des ministres qui se sont succédé place Beauvau, comme par exemple Jean-Louis Debré. Ce dernier avait voulu négocier avec les autonomistes et leur avait demandé d’apparaitre « cagoulés » à la télévision, au grand dam de la police. En définitive, cette gesticulation s’était terminée par un échec cinglant.

C’est un livre de référence.

Benoît Bertrand-Cadi, La véritable histoire du commando Erignac, éditions Tallandier, mars 2013, 273 p., 19,90 euros.

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Jean-Paul Fourmont
Jean-Paul Fourmont est avocat (DEA de droit des affaires). Il se passionne pour la culture, les livres, les gens et l'humanité. Contact : [email protected]

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