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Entretien avec Laure Leroy, directrice des éditions Zulma, à la recherche de la perle rare

Entretien avec Laure Leroy, directrice des éditions Zulma, à la recherche de la perle rare

23 June 2017 | PAR Jérôme Avenas

Depuis une dizaine d’années, les livres aux couvertures colorées (graphisme créé par David Pearson) publiés par les Éditions Zulma se sont imposés comme le meilleur de la littérature du monde entier. Parcourir le catalogue, c’est tomber sur des noms comme Jean-Marie Blas de Roblès, Hubert Haddad, Dany Laferrière, Marcus Malte, et d’autres qui ne vous disent peut-être d’emblée rien mais qui représentent des voix majeures venues, entre autres, d’Inde, du Japon en passant par la Caraïbe et l’Islande et qui seront très bientôt en bonne place dans votre bibliothèque. À l’occasion du « Marathon des mots » de Toulouse où deux de « ses » auteurs sont présents, Laure Leroy a très gentiment accepté de répondre au téléphone à quelques questions.  

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Comment sont nées les Éditions Zulma ?

La maison a été créée en 1991. En 2006, j’ai refondé les Éditions Zulma en les ouvrant à toutes les littératures du monde entier, que ce soit en langue française ou à travers des traductions. Dès le début, nous avons choisi de publier très peu de livres – afin de les accompagner au plus près – et uniquement des livres que j’aime, c’est un élément essentiel. En une dizaine d’années nous avons publié des auteurs de plus de trente pays et traduit plus de vingt langues.

Comment fonctionne l’économie de la littérature traduite ?

Pour publier de la littérature étrangère, il y a plusieurs biais qui d’ailleurs, ne sont pas spécifiques à Zulma, notamment à travers les échanges interprofessionnels (foire de Francfort). Pour ce qui nous concerne, dans beaucoup de pays, en dehors des aires anglophones et hispanophones, les auteurs ne sont pas forcément représentés par des agents. Il y a deux cas de figure : soit les traducteurs me proposent des manuscrits, soit je fais moi-même des recherches centrées sur telle région du monde ou tel domaine linguistique et je fais appel à un traducteur.

Quel est votre dernier coup de cœur pour un auteur ?

Je travaille beaucoup avec François-Michel Durazzo qui traduit de la littérature en nombreuses langues, (espagnol, catalan, langue corse, grec, portugais, italien). En bavardant avec lui et comme nous avons déjà un très beau catalogue en littérature haïtienne, je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de regarder du côté de la Caraïbe de manière plus large.
Quel que soit l’endroit du monde auquel on s’intéresse de près, il y a toujours de très beaux livres qui n’ont pas encore été traduits en français. Ça nécessite un travail de recherche et d’exploration de longue haleine.

C’est ainsi que vous avez découvert Mayra Santos-Febres ?

Tout à fait ! « Sirena Selena » est le premier, mais nous allons publier d’autres livres de cette auteure portoricaine. Au-delà d’un roman, c’est une œuvre qui nous intéresse. Elle sera présente ce week-end à Toulouse au “Marathon des mots” avec David Toscana, écrivain mexicain absolument merveilleux. Nous avons déjà publié trois de ses livres. Un quatrième sortira en janvier 2018.

Un mot sur la rentrée littéraire aux Éditions Zulma  ?

Nous publions un très beau roman de Jean-Marie Blas de Roblès [NDLR : Prix Médicis 2008 avec « Là où les tigres sont chez eux »], intitulé « Dans l’épaisseur de la chair », hommage d’amour fou pour son père où l’on découvre la vie de toute une famille en Algérie entre 1880 et 1960 racontée par un narrateur naufragé qui tente désespérément de remonter sur son bateau et qui se pose toutes sortes de questions et notamment : « Qu’est-ce qu’un vrai pied-noir » ?
Nous publions aussi le premier roman d’un jeune poète haïtien, James Noël, « Belle merveille ». L’histoire d’une jeune homme déboussolé qui sept ans après le séisme de 2010 raconte les difficultés de son pays avec humour et vitalité dans une langue poétique.
Enfin, nous publions pour la  seconde fois un roman de Kei Miller, « By the rivers of Babylon », un roman qui nous emmène dans un milieu très populaire de la Jamaïque où les dreadlocks, symbole politique et spirituel, dont on a privé un petit garçon mettent à feu et à sang tout un ghetto de la banlieue de Kingston.

Visuel : © David Pearson pour les Éditions Zulma

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Jérôme Avenas

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