Livres
Dans ma tête, je m’appelle Alice, de Julien Dufresne-Lamy: un voyage bien éloigné du Pays des Merveilles

Dans ma tête, je m’appelle Alice, de Julien Dufresne-Lamy: un voyage bien éloigné du Pays des Merveilles

27 November 2012 | PAR Alice Dubois

Voici un premier roman qui a beaucoup fait parlé de lui lors de la Rentrée Littéraire. Cet ouvrage au titre prometteur a bel et bien gagné l’approbation de la critique. Pari gagné donc pour Julien Fresne-Lamy qui fait une entrée très appréciée dans le petit monde des auteurs. Avec un sujet poétique et original, il plonge le lecteur dans la tête de son héroïne où se bousculent et s’entremêlent fantasmes et réalité.  Pour celle qui n’a pas de prénom mais qui se rêve en Alice, la vie n’est pas quelque chose d’aisément supportable. Heureusement, la littérature et ses personnages lui tirent la tête hors de l’eau…

 

A l’aube de ses trente ans, cette jeune femme, futur docteur en mathématiques, regarde en arrière et se demande comment et pourquoi elle en est arrivée là. Par de nombreux flash back, elle se souvient. De la Reine, sa mère, alcoolique frénétique et fantasque, de son père peu enclin à endosser le rôle du Roi, d’un frère bagarreur, ennemi juré et bourreau de son enfance. Au milieu de ce royaume perdu, la petite fille d’alors s’invente un monde parallèle, rempli des héros de ses lectures. Parce que la réalité est trop difficile, parce qu’elle est aussi bien moins fascinante que dans les livres.

« Mon armée de livres, je m’en sers comme d’une prothèse. Elle est ma branche d’arbre et je suis son hibou, ce dépressif à plumes qui, la nuit, s’agrippe à elle en dégustant le noir. »

En grandissant, la fillette se crée un monde rien qu’à elle, à l’abri des regards. Observant ceux qui l’entourent, elle porte un regard froid et sans concession sur cette drôle de chose qu’est la famille, sur ses névroses et ses non-dits.

Mais lorsqu’on refuse le monde, il est compliqué d’en faire partie…Adulte, dans son 2 pièces où jamais personne ne vient lui rendre visite, elle épie les passants qui défilent derrière ses fenêtres. Comme dans un ilôt protégé, notre héroïne poursuit son chemin, dans une vie où elle est l’unique personnage. Mais les trente ans approchent, le titre de “docteur en mathématiques” aussi et avec comme une envie de tourner la page, d’écrire une nouvelle aventure…

 

Comme une succession de tableaux qui ne respecte ni logique narrative ou chronologique, le roman de Julien Dufresne-Lamy ne rend pas la lecture facile, ni agréable. Les phrases courtes qui s’enchaînent brutalement, comme des images qui défilent trop vite, le rythme saccadé qui nous enferme entre les mots, bloquent systématiquement l’élan du lecteur. Malgré un propos original et un titre qui nous faisait rêver, nous avons eu du mal à suivre cette héroïne dans les méandres de ses pensées. Même si l’auteur a sans aucun doute le sens de la formule, nous attendions plus de poésie face à ce titre évocateur. Ce premier roman ressemble plus à un exercice de style bien maitrisé qu’à une rêverie littéraire qui nous aurait emmené au Pays des Merveilles…Ce qu’on avait espéré. Dommage.

 

Dans ma tête, je m’appelle Alice de Julien Dufresne-Lamy. Editions Stock. Septembre 2012. 216p. Prix: 18,5€.

 

Les dates du Off d’Avignon : trois semaines comme d’hab
Le merveilleux roman de John Steinbeck “des souris et des hommes” sur les planches !
Avatar photo
Alice Dubois
Alice a suivi une formation d’historienne et obtenu sa maitrise d'histoire contemporaine à l'université d'Avignon. Parallèlement, elle est élève-comédienne au Conservatoire régional d'art dramatique de la ville. Elle renonce à son DESS de Management interculturel et médiation religieuse à l'IEP d'Aix en Provence et monte à Paris en 2004 pour fonder sa propre compagnie. Intermittente du spectacle, elle navigue entre ses activités de comédienne, ses travaux d'écriture personnels et ses chroniques culturelles pour différents webmagazines. Actuellement, elle travaille sur un projet rock-folk avec son compagnon. Elle rejoint la rédaction de TLC en septembre 2012. Elle écrit pour plusieurs rubriques mais essentiellement sur la Littérature.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration