Courbatures (et dernières gorgées de bières), de Paul Fournel
Les sportifs alcooliques vous le diront, une bonne bière prise après l’effort permet de diminuer les courbatures… On pourrait s’imaginer le Président de l’Oulipo, Paul Fournel, payer, après l’écriture, une tournée à ses personnages courbaturés. Son dernier livre, un recueil de charmantes nouvelles, se boit comme un demi bien frais : à petites et salvatrices gorgées.
Chercheur infatigable, sérieux universitaire, homme exerçant des fonctions « présidentielles », Paul Fournel a du, un beau jour, se poser la légitime et fondamentale question « Derrière les étoiles, que trouve-t-on ? » Un ciel limpide et digne des dieux ? Ou de la matière première morte depuis des milliards d’années mais qui, on ne sait trop pourquoi, s’escrime à briller ? Afin d’y répondre le plus savamment possible, Paul Fournel a sondé des inconscients inaccessibles puisqu’engoncés dans des monceaux d’articles, de frics et de fatigantes jalousies.
Fine bouche , notre Président a su voir les stars là où l’on ne les cherchait pas : il a décortiqué les vies des trapézistes qui ne brillent que dans le cœur d’amoureux transis ou celles de jeunes filles logées dans la colonne « faits divers » du journal local : meurtrières, psychopathes et autres pervers.
Derrière la toile percée que Paul Fournel a relevée, se cachaient les amours fabriquées du showbiz, l’ingratitude des gagnantes du loto ou la douceur des champions de boxe… En quelques pages, l’auteur démontre combien les muscles des stars sont lasses d’ascensions trop rapides et mal préparées tandis que le lecteur, désolé, se rend compte qu’aucune bière ne sera jamais servie : les drôles n’ont pas cru nécessaire de la boire et leur grinçant géniteur ne s’abaissera pas à la leur servir… Le Président de l’Ouvroir de littérature Potentiel (Oulipo), n’est pas médecin, encore moins un romancier affecté, mais un talentueux et léger « ouvre-vie ». Vous l’avez compris, ce livre doit être accompagné d’un demi !
Courbatures, Paul Fournel, Ed Seuil, 167 p, 14 euros.En librairie le 7 mai.
“Comme au ralenti, elle sourit et sa tête se mit à marcher comme elle n’avait jamais marché -même le jour de l’oral du brevet. Un foutoir joyeux. 900 briques. On allait voir ce qu’on allait voir. Ça allait danser. Pas question de se les faire taxer par des véreux. Elle avait pas écrit “poire” sur son front. Se méfier de tout le monde et surtout des copines. Entre une copine et une tapeuse, la différence est petite quand on est riche.” p 24.