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Claudie Hunzinger, une exploratrice du vivant lauréate du prix Femina 2022

Claudie Hunzinger, une exploratrice du vivant lauréate du prix Femina 2022

10 November 2022 | PAR Gautier Higelin

Ce lundi 7 novembre au musée Carnavalet, ce sont trois femmes qui ont été récompensées lors de la remise des prix Femina. Claudie Hunzinger pour le roman français, Anette Wieviorka pour l’essai et Rachel Cusk pour le roman étranger.

Claudie Hunzinger : le vivant au quotidien  

En ce milieu d’automne, le brame des Grands Cerfs (Les) a résonné lors du vote des neuf jurées du prix Femina. Si Claudie Hunzinger avait déjà reçu le prix Décembre en 2019 pour avoir rendu compte de la beauté fragile de la vie des cerfs, c’est cette fois-ci la rencontre en milieu domestique qui est mise à l’honneur.

Avec son roman Un chien à ma table, la native du Haut-Rhin raconte l’histoire d’un couple âgé et isolé dans une ferme vosgienne situé en lisière de forêt, qui font la rencontre d’une chienne blessée et en fuite qu’ils nommeront Yes.

Plus qu’un roman, un voyage diplomatique avec le végétal et l’animal

En faisait une ode à la rencontre et à la relation avec l’animal, Claudie Hunzinger catapulte l’humanité occidental en perdition matérielle et idéologique dans un cocon de beauté et de vitalité que constitue ce monde non-humain. Et c’est la permanence d’un lieu, Bambois, hameau des Vosges dans lequel elle vit depuis 1965, qui nourrit l’écriture de la plasticienne : « L’idée était de travailler à partir du lieu et rien que du lieu, d’explorer le monde sur place, de le creuser au lieu de glisser à sa surface », explique-t-elle.

Après ce livre, inspiré par Pierre Schoentjes, professeur de littérature à qui elle dédie sa fiction, on pourra très certainement l’affilier au courant de l’écopoétique.

Une écriture du dehors

 Spinoziste convaincue, Claudie Hunzinger croit en la beauté du monde, en tant qu’elle constitue une source de vie, une puissance d’agir qui influe directement sur sa manière d’écrire.

Avec ce livre, elle donne à voir celle pour qui Godard s’amusait à dire qu’elle faisait tenir les pages ensemble : la marge.

C’est de cette marge que jaillit toute la profondeur de son écriture, sincère et animale. Une marge dans laquelle elle résiste pour ne pas être happée par le centre, cet aimant incarné par la modernité et le confort.  

Une résistance qui ne sert pas à quelque chose en soi, mais qui permet de continuer d’exprimer le réel tel qu’il est ressenti avec le corps.

Pour Claudie Hunzinger, oeuvrer à la représentation du lien vivant n’a pas de limites car « on peut très bien écrire avec des larmes dans les yeux ». À 82 ans, nous espérons qu’elle persistera à nous offrir ses émotions qui sont une véritable bouffée d’air ensauvagée dans ce monde bien trop souvent mécanique.

 

Visuel : © CC BY 2.5 Françoise Saur

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