“L’accident narcissique”, quand le cul d’Alexandre Styker s’éléve au rang de la beauté pure
Mais quelle idée folle pour le comédien que l’on aime tant ! Sous l’objectif de Roberto Laureri il a posé tout à poil dans un beau théâtre de Naples. Une idée folle peut être qui pourrait se retrouver qui sait, sur les très sérieux murs de la Maison Européenne de la Photographie.
Déclaration d’amour à l’architecture des théâtre, cet objet, à la fois recueil et livre d’art est un petit bijou. On y croise le corps si gracile et si dessiné du comédien qui nous a si souvent saisi, chez Chereau, chez Genod, à la télévision aussi. Chaque photo dialogue avec un texte et par n’importe lequel. Alexandre a invité, comme on invite chez soi : Valeria Bruni-Tedeschi, Claudia Cardinale, René de Ceccatty, Julien Cendres, Arthur Dreyfus, Eleonore Marie-Espargillière, Stéphane Guérin, Pierre Notte, Olivier Steiner et Antonin Veyrac.
Ce qui est beau c’est bien sur le vide ici, car le comédien apparaît minuscule dans ses salles immenses et précieuses, ils se fond, ange blond sans âge dans les ors des lieux. Et puis Pierre Notte écrit, il a comme toujours tout compris : “Image dansante, c’est la mort qui frôle, le temps qui griffe. La grâce de l’enfant nu dont il porte l’instant définitif, c’est ça l’insaisissable”
Ce très bel objet au format quasi poche, à la couverture cartonnée a été édité chez Lienart avec le soutien de la Maison européenne de la photographie. On rêve d’une exposition qui mettrait en grands formats les images du comédien, dans les bouts de son costume de nazi dans Don Giovanni remontant de dos, presque casqué, et presque botté, les marches de la salle sans public.
Il y a de la nostalgie et une tristesse mélancolique ici. A offrir sans modération aux amoureux des théâtres, et à ceux qui aiment rester, assis, quand les spectateurs s’en vont.
Visuel : ©Lienart