La Maison-Musée de Gustave Moreau : entrez dans l’intimité de l’artiste
La Maison-musée de Gustave Moreau a rouvert ses portes le 22 janvier dernier, après une restauration complète du rez-de-chaussée, et la création de réserves graphiques au sous-sol. Ce lieu magique au cœur de la Nouvelle-Athènes vous plonge dans le contexte symboliste de la fin du XIXe siècle.
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Dès sa jeunesse, encore inconnu, Gustave Moreau s’interroge sur la postérité de son œuvre. Les nombreux dessins qu’il croque sur le vif, en Italie puis dans ses ateliers parisiens, même les plus dérisoires, lui semblent indispensables pour comprendre son travail. C’est ainsi que naît l’idée de transformer la maison de ses parents en musée d’artiste, dont il règle la muséographie dans les moindres détails.
L’ouvrage publié par Somogy à l’occasion de cette réouverture est riche en enseignements sur le contexte topographique et historique. On y découvre d’abord le quartier singulier de la Nouvelle-Athènes, qui fut un véritable bastion des romantiques. Puis le plan de la maison du vivant des parents de Moreau, ainsi que ses projets de réaménagements et la création du célèbre escalier reliant les 2e et 3e étages. Le résultat est une œuvre d’art totale, un des premiers musées d’artistes.
Suivant le principe de l’accumulation apprécié au XIXe siècle, les grandes toiles de sa carrière sont accrochées les unes au-dessus des autres sur les cimaises, tandis que les pochades, aquarelles ou dessins sont présentés dans des supports créés sur commande pour le peintre. Il est ainsi possible de “feuilleter” ses nombreux dessins et de comprendre leur influence dans la genèse de ses toiles maîtresses. L’accrochage est l’exact reflet des volontés de l’artiste, fait rarissime.
Quant à l’ouvrage en question, il permet aussi d’apprécier toute la singularité de Gustave Moreau : à la fois professeur des Beaux-Arts éloigné des avant-gardes de la fin du XIXe siècle, attaché aux genres académiques et à la pratique du dessin, il est en même temps un maillon crucial vers l’explosion moderne de la couleur, annonçant la révolution fauve du début du XXe siècle (Matisse et Rouault furent d’ailleurs ses élèves).
“… bien que je n’ai(e) pas la niaiserie d’attacher une trop grande importance à tous ces ouvrages, je les aime assez, par la peine qu’ils m’ont donnée, pour désirer les laisser intacts après moi, et dans le meilleur état possible.” Gustave Moreau
La Maison-musée de Gustave Moreau, sous la direction de Marie-Cécile Forest, 2015, 152 pages, 25 €