BD

Un monde d’Art Brut, une initiation en BD

08 November 2021 | PAR Laetitia Larralde

Avec l’album Un monde d’Art Brut, Oriol Malet et Christian Berst s’associent pour dresser un portrait de l’Art Brut au travers de trois spécialistes et de six artistes.

A Bern, une jeune étudiante en art visite une exposition d’Art Brut à laquelle elle ne comprend visiblement pas grand-chose. Pour l’éclairer apparaissent alors les spectres d’Hans Prinzorn, un psychiatre du début du XXème siècle qui a collectionné les œuvres de ses patients, de Jean Dubuffet, inventeur du terme d’Art Brut, et de Harald Szeemann, historien de l’art qui fit entrer l’Art Brut dans les musées d’art contemporain. Ils entament une visite guidée animée mettant en lumière six figures de l’Art Brut : Henry Darger, Carlo Zinelli, Madge Gill, Adolf Wölfli, Jean Pedrizet et Mary T. Smith.

Dans cet album, Christian Berst, galeriste parisien spécialisé dans l’Art Brut, accompagné du dessinateur Oriol Malet, dresse un portrait de cette catégorie artistique encore difficile à cerner. Au travers de six artistes, six personnalités singulières, représentant chacun une typologie d’artiste brut, et par la voix de trois spécialistes précurseurs, ils tracent les contours mouvants d’un art hors normes. On aborde la question de la définition de l’Art Brut et de ses artistes, de son intégration ou non à l’art contemporain, de son influence sur les artistes professionnels ou encore de la séparation entre la vie de l’artiste et son œuvre. En fin d’album, un portfolio permet de découvrir les œuvres d’artistes bruts contemporains. Mais peut-on encore considérer que ces artistes d’aujourd’hui correspondent à la définition de Dubuffet, libres de toute influence du monde de l’art, de son marché et ses critiques, à l’heure d’internet et de son accès illimité à l’information ?

Un monde d’Art Brut est un album intéressant, qui permet une première approche de l’Art Brut et donne des pistes d’exploration. Malgré quelques imprécisions et un discours parfois trop spécialisé qui peuvent brouiller quelque peu le propos, et un personnage principal tenant de la caricature de la vieille secrétaire revêche, la lecture reste agréable et instructive. Le style d’Oriol Malet s’adapte à celui des artistes, et plutôt que de représenter les œuvres sur les cimaises du musée, elles prennent possession de la page, s’intégrant dans le récit comme dans la vie des artistes. Le dessin est fluide et en constante mutation, et nous montre ainsi la grande variété de l’Art Brut et de ses artistes.

Pour compléter votre lecture, faites un tour à la galerie Christian Berst où les planches originales de l’album sont exposées jusqu’au 21 novembre, en même temps que les œuvres de Mary T. Smith.

Un monde d’Art Brut, d’Oriol Malet, co-scénariste Christian Berst
120 pages, 17,95€ – Delcourt

Visuels : © Éditions Delcourt, 2021 – Malet, Berst

“Le Diable à Westease”, un polar so british !
“Le grand livre de l’intelligence animale” par la chercheuse Jessica Serra
Avatar photo
Laetitia Larralde
Architecte d'intérieur de formation, auteure de bande dessinée (Tambour battant, le Cri du Magouillat...)et fan absolue du Japon. Certains disent qu'un jour, je resterai là-bas... J'écris sur la bande dessinée, les expositions, et tout ce qui a trait au Japon. www.instagram.com/laetitiaillustration/

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration