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Retour sur la 42e édition du festival international de la BD d’Angoulême

Retour sur la 42e édition du festival international de la BD d’Angoulême

05 February 2015 | PAR Sandra Bernard

La 42e édition du festival international de la BD d’Angoulême a, comme à son habitude, proposé une vaste programmation alliant hommages et découvertes, des rencontres avec les auteurs et des animations variées dans une ambiance joviale et créative.

La grande fête annuelle de la Bande Dessinée débute à la gare de la ville, avant de s’étendre sur la majeure partie de la vieille ville d’Angoulême, profitant des placettes, de charmantes petites rues et vastes bâtiments pour installer ses nombreux pavillons, expositions, galeries éphémères et art de rue.

Parmi les pavillons les plus courus se trouvait celui des grands éditeurs, mais également celui des éditeurs indépendants, d’une superficie surprenante. La foule s’y pressait en masse. Il était possible de rencontrer les auteurs, d’obtenir des dédicaces tant convoitées ou de dénicher nombre d’ouvrages. Reconnaissable à ses lanternes rouges, le pavillon de la Chine (occupant l’emplacement réservé l’année dernière au pavillon Little Asia) a également attiré beaucoup de curieux et d’amateurs de BD chinoise. Pour sa part, le pavillon Little Asia a eu l’honneur d’occuper la cour de l’Hôtel de Ville d’Angoulême. L’on pouvait y voir des mini expositions, rencontrer des auteurs, se faire prendre en photo dans un espace dédié décoré de cartes de bonne année pour l’année du mouton qui débutera dans quelques jours.

Autre pavillon très animé, le pavillon de la SNCF. La SNCF est partenaire du festival depuis plusieurs années déjà et est (avec Cultura) l’un des seuls sponsors à parrainer un prix : le Fauve polar SNCF, récompensant une BD, Manga ou Comics dont le thème est lié au polar. Ce pavillon, installé sur la place Hergé, proposait aux passants des animations comme des quizz avec des prix à la clé, des photos en costume, des mini concerts regroupant des musiques de films et de séries, mais surtout, il était possible de lire les ouvrages en compétition pour le prix fauve polar SNCF : Cabanes et Manchette avec Fatale aux éditions Aire Libre, Le tome 1 de Gotham Central par Brubaker, Rucka et Lark aux éditions Urban Comics et DC Comics, Moi assassin d’Altarriba et Keko aux éditions Denoël Graphic, le tome 1 de Wet Moon d’Atsushi Kaneko aux éditions Casterman BD et Petites coupures à Shioguni de Chavouet aux éditions Philippe Picquier.

Hors catégorie, l’église Saint-Martial a accueilli la 29e édition du prix de la BD catholique d’Angoulême. Entre conférences et stand de livres, c’est Sur les chemin de Jérusalem qui a eu l’honneur d’une exposition. L’étrange ouvrage La Bible en 1001 briques s’est révélé surprenant. La Bible y est racontée à l’aide de Lego.

De nombreuses expositions étaient proposées, à commencer par celle consacrée à Jirô Taniguchi à la Cité internationale de la BD. Cette vaste exposition monographique alternant entre rétrospective et mise en avant des trois derniers ouvrages (Elle s’appelait Tomoji, Les gardiens du Louvre et un carnet de voyage sur Venise) du maître proposait de rares planches originales en noir et blanc et en couleur. Au cours de sa carrière, Jirô Taniguchi a réalisé toutes sortes de mangas. Des mangas d’action comme Trouble is my business, du catch (dont il est fan) avec Garôden, de samurai, etc. Sa passion pour les grands espaces est perceptible dans la série Le sommet des Dieux. Mais ce sont ses œuvres plus contemplatives, comme Journal de Mon père, Quartier lointain (adapté au cinéma), Le gourmet solitaire, etc. qui montrent la quintessence de son travail et son humanisme. Quand une image sans texte suffit à parler au lecteur…

Autre exposition ayant attiré un public nombreux, l’exposition consacrée à Calvin et Hobbes, œuvre phare du dessinateur Bill Watterson, distinguée en 2014 par le grand prix du festival d’Angoulême. Cette petite exposition présentait, de manière tout à fait exceptionnelle, des planches originales de ce strip culte. On y voyait les inspirations de l’auteur, une sélection de strips en fonction des quatre saisons ou des personnages principaux. L’une des très bonnes idées de l’exposition est assurément la partie centrale consacrée à l’histoire des comics strips depuis 1809 à nos jours.

Dans le même bâtiment, il était possible d’admirer un ensemble de planches originales relatives au travail du scénariste Fabien Nury. Fabien Nury est connu pour avoir collaboré à plus de quarante titres avec de nombreux dessinateurs. Auteur entre autres de Silas Corey, ses scénarios sont emprunts de cinématographie et de noirceur.

Comme dans tout bon festival, il y avait également des expositions Off, dont la ravissante “Au pays du cerf blanc” (Éditions de la Cerise) dans la Tour des Valois de l’Hôtel de ville. Des planches format A5 tout en noir et blanc à l’encre de Chine et au pinceau prenaient place dans une non moins ravissante salle gothique.

Le festival d’Angoulême, de par sa nature ne pouvait que rendre hommage aux victimes de l’attaque perpétrée à Charlie Hebdo au tout début du mois de janvier. Ainsi, l’Hôtel de ville s’est paré de banderoles Charlie Hebdo, plusieurs Unes emblématiques ont été placardées sur les panneaux électoraux, un petit chalet situé juste en face vendait des numéros, un badge spécial a été réalisé, mais surtout, une exposition a été consacrée à l’histoire du journal satirique, regroupant plusieurs centaines de pièces (affiches, journaux, photographies, interviews, etc.). En outre, les quatre dessinateurs assassinés Cabu, Wolinski, Tignous, Charb se voient décerner à titre posthume un prix pour leur carrière. Il a été décidé que le prix Charlie Hebdo sera pérenne et international. Enfin, sur son compte Facebook, le festival a ouvert un album où auteurs et anonymes peuvent déposer leurs dessins en hommage à Charlie Hebdo.


Festival International de la BD d’Angoulême 2015 par SB-Paris

Comme il serait impossible de parler du festival sans annoncer son palmarès :
Palmarès Angoulême 2015
Grand prix de la ville d’Angoulême : Katsuhiro Otomo (auteur d’Akira)
Fauve d’Or – Meilleur album : L’arabe du futur (Riad Sattouf chez Allary)
Prix du public : Les vieux fourneaux (Wilfrid Lupano et Paul Cauuet chez Dargaud)
Prix Spécial du jury : Building Stories (Chris Ware chez Delcourt)
Prix de la série : Last Man (Bastien Vivès, Michael Sanlaville et Balak chez Casterman)
Prix Révélation : Yekini, le roi des arènes (Clément Xavier et Lisa Lugrinchez Editions flblb)
Prix Patrimoine : San Mao (Leping Zhang chez Fei)
Fauve Polar : Petites coupures à Shioguni (Florent Chavouet chez Philippe Picquier)
Prix de la bande dessinée alternative : Dérive urbaine (Une autre Image)
Prix Jeunesse : Les royaumes du Nord tome 1 (Clément Oubrerie et Stéphane Melchior chez Gallimard Jeunesse)

Visuels : Photographies © Sandra BERNARD

Infos pratiques

Ma Lady Vampire tome 3 d’Audrey Alwette, Rutile et Silvestro Nicolaci
15èmes Journées cinématographiques dionysiennes : Soirée Féminisme ouvrier
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Sandra Bernard
A étudié à l'Université Paris Ouest Nanterre la Défense l'Histoire et l'Histoire de l'Art. Après deux licences dans ces deux disciplines et un master recherche d'histoire médiévale spécialité histoire de l'Art dont le sujet s'intitulait "La représentation du costume dans la peinture française ayant pour sujet le haut Moyen Âge" Sandra a intégré un master professionnel d'histoire de l'Art : Médiation culturelle, Patrimoine et Numérique et terminé un mémoire sur "Les politiques culturelles communales actuelles en Île-de-France pour la mise en valeur du patrimoine bâti historique : le cas des communes de Sucy-en-Brie et de Saint-Denis". Ses centres d'intérêts sont multiples : culture asiatique (sous presque toutes ses formes), Histoire, Histoire de l'Art, l'art en général, les nouveaux médias, l'art des jardins et aussi la mode et la beauté. Contact : sandra[at]toutelaculture.com

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