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Hippie Hippie Shake de  Richard Neville, rock, drogues, sexe, utopies… Voyage dans le monde merveilleux des sixties…

Hippie Hippie Shake de Richard Neville, rock, drogues, sexe, utopies… Voyage dans le monde merveilleux des sixties…

08 April 2013 | PAR Le Barbu

hipie hipie sake.indd“Hippie Hippie Shake” retrace avec humour la flamboyante épopée de l’Australien Richard Neville, co-fondateur et rédacteur en chef de Oz, un des premiers magazines underground apparu dans les années soixante.

Ce livre à la fois émouvant, cru, autocritique, lucide et complètement déjanté raconte les rêves de toute une génération qui a envie de changer le monde à travers le combat acharné d’une “free press” décidée à lutter contre toutes les censures de l’époque. Une chronique haute en couleurs des folles sixties.

Oz est né à Sidney en Australie en 1963, il migre ensuite à Londres à partir de 1966, et se retrouve au cœur du cyclone freak des sixties. Il fut, en particulier, l’objet de deux procès pour obscénité très médiatisés, en 1964 en Australie et en 1971 en Angleterre. Les rédacteurs en chef Richard Neville, Richard Walsh, Martin Sharp, Jim Anderson, Felix Dennis ont tous été acquittés dans les deux cas après avoir été initialement déclarés coupables et dans certains cas emprisonnés.

La première publication de 16 pages, le 1er avril 1963, fit sensation avec la vente de 6000 exemplaires dès la mi-journée. Le récit d’un avortement, alors illégal, leur valut leurs premières critiques. Les numéros suivants abordaient des thèmes polémiques comme la censure, l’homosexualité, la brutalité policière, le racisme supposé du gouvernement, les lois pour une « Australie blanche » ou l’histoire militaire de l’Australie pendant la guerre du Viêt Nam.

Après la publication du numéro 3, les rédacteurs en chef furent mis en examen sur le chef d’accusation d’obscénité. Plaidant coupables, ils furent condamnés à 20 dollars d’amende le 3 septembre 1964. À la publication du numéro 5, en décembre de la même année, une satire visant explicitement l’intégrité de la police eut pour effet de voir 140 exemplaires du magazine saisis et condamnés à être brûlés par un juge local. En 1964, de nouvelles accusations d’obscénité apparurent, conduisant un juge à condamner, pour l’exemple, les trois rédacteurs à plusieurs mois de prison. Les rédacteurs gagnèrent en appel.

En 1966 Oz fut transféré en Angleterre suite au déménagement de Richard Neville et Martin Sharp. En pleine ère psychédélique le Oz anglais mettait à contribution des journalistes et personnalités, et continuait de provoquer de nombreuses réactions, en particulier la couverture de la guerre du Viêt Nam, le débat sur les drogues, le sexe et les modes de vie alternatifs, ainsi que des révélations de torture par la junte militaire en Grèce.

5500275En 1970, en réponse à une critique disant que le magazine perdait le contact avec la jeunesse, une annonce invita les collégiens à devenir rédacteurs de quelques numéros. 20 élèves répondirent, dont Charles Shaar Murray et Deyan Sudjic qui, dans le numéro 28 de mai 1970, furent connus sous le nom de Schoolkids OZ. Le résultat fut une parodie de l’Ours Rupert aux connotations sexuelles.

Les critiques des bureaux londoniens de la Obscène Publications Squad ciblaient Oz parmi plusieurs publications underground. Ce dernier numéro, associant jeunesse et sexe, apporta les bases du procès pour obscénité de 1971. Le chef d’accusation contre les rédacteurs Neville, Dennis et Anderson était « conspiration pour tentative de corruption de la morale publique ». L’avocat de la défense, à l’ouverture du procès de 1971, déclara « cette affaire est à la croisée des chemins de nos libertés et des limites à notre liberté de penser, de dessiner et d’écrire ce qui nous plait ». Pour l‘accusation, il était question de « conspiration, avec de jeunes gens, pour la publication d’un magazine contenant des articles, dessins et cartoons obscènes, lubriques, indécents, et sexuellement pervertis, avec intention de débaucher et corrompre la morale des enfants et adolescents et d’implanter dans leur esprit des idées de luxure et de perversion »

John Lennon et Yoko Ono se joignirent aux manifestations de protestations et organisèrent l’enregistrement de « God Save Us » par l’Elastic Oz Band. Lennon expliqua que le titre était un jeu de mots à partir de « God Save Oz ».

À certains moments du procès, les accusés portaient des uniformes de lycéennes ou des perruques. Quelques célébrités locales, témoins de la défense, comme Marty Feldman, DJ John Peel et Edward de Bono furent présentés au procès. Le procès conclut finalement que les « Trois Oz » étaient non coupables des charges de conspiration mais condamnés pour deux chefs d’accusations mineurs à l’emprisonnement. Ils furent immédiatement transférés en prison et leurs crânes furent rasés, ce qui provoqua d’autres réactions publiques. Leur condamnation fut finalement annulée en appel.

Oz publia quelques numéros à la suite du procès, mais le succès n’était plus le même et en novembre 1973 leur dette s’élevait à 20 000 £ et le lectorat était devenu trop réduit. Le numéro 48 fut le dernier. Les numéros d’Oz sont devenus rares aujourd’hui et certains se vendent jusqu’à plusieurs centaines de livres sterling.

Ce bouquin à l’écriture convulsive et rempli d’humour rend hommage aux provocations de toute sorte et à l’expression parfois sauvage et débridée du phénomène de contre culture de l’époque. Nous le conseillons vivement à tous ceux qui aiment résister et obéissent peu.

Hippie Hippie Shake |  Richard Neville
Rock, drogues, sexe, utopies. Voyage dans le monde merveilleux des sixties
Traduit de l’anglais par Nicolas Guichard

Genre : Musique et contre-culture
Collection : Rivages Rouge

Poche  | 560 pages.  | Paru le : 06-03-2013  | Prix : 11.00 €
Editions : Rivages

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Le Barbu
Le Barbu voit le jour à Avignon. Après une formation d'historien-épigraphiste il devient professeur d'histoire-géogaphie. Parallèlement il professionnalise sa passion pour la musique. Il est dj-producteur-organisateur et résident permanent du Batofar et de l'Alimentation Générale. Issu de la culture "Block Party Afro Américaine", Le Barbu, sous le pseudo de Mosca Verde, a retourné les dancefloors de nombreuses salles parisiennes, ainsi qu'en France et en Europe. Il est un des spécialistes français du Moombahton et de Globalbass. Actuellement il travaille sur un projet rock-folk avec sa compagne, et poursuit quelques travaux d'écriture. Il a rejoint la rédaction de TLC à l'automne 2012 en tant que chroniqueur musique-société-littérature.

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