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UN VENDREDI AUX RENCONTRES DU FILM D’ART DE SAINT GAUDENS : « Qu’est-ce qu’on est beau quand on travaille »

UN VENDREDI AUX RENCONTRES DU FILM D’ART DE SAINT GAUDENS : « Qu’est-ce qu’on est beau quand on travaille »

27 January 2020 | PAR Jérémie Laurent-Kaysen

Le film d’art est un genre cinématographique, dévoilant différents processus de création artistique. En ce début d’année 2020, la ville de Saint Gaudens a lancé sa nouvelle édition des Rencontres du film d’art autour d’une trentaine d’oeuvres dûment sélectionnées.

Un festival chaleureux…

Non loin de Toulouse, Saint Gaudens fait partie de ce genre de bourg trop petit pour être une ville mais trop grand pour être un village. Calme et dépaysement y règnent, enveloppés dans de charmants accents du midi.
Les Rencontres du film d’art existent depuis déjà sept ans. Cette nouvelle édition s’est déroulée du jeudi 23 janvier au dimanche 26. Chacune de ces journées a été rythmée par une multitude de films et s’est clôturée par la présence d’un invité de marque. Alors que jeudi soir, les spectateurs ont pu apprécier la présence du saxophoniste Radek Knop ; un homme de la région, Mathieu Amalric, a fait l’honneur de sa présence vendredi, pour une soirée qui lui était dédiée.
Les cheveux longs, la barbe grise… Des années semblent s’être écoulée depuis ses dernières apparitions dans J’accuse et Merveille à Montfermeil ! Mais cette apparence ne trompe en rien la malice et la jeunesse du regard de ce charmant personnage.

… avec un invité de renom…

La vedette du cinéma français a été reçue dans la chaleur et l’enthousiasme au cinéma Le Régent.
A peine arrivé, un premier rendez-vous est annoncé : Rencontrer les élèves en option cinéma du lycée de Saint Gaudens, qui ont, par ailleurs, fait de la figuration dans son prochain film. L’occasion pour l’artiste de raconter quelques fragments de sa vie et ses début dans l’univers cinématographique.

Mathieu Amalric, dont lesparents étaient journalistes, a vécu jusqu’à ses 12 ans à Moscou. Il n’allait pas spécialement voir de films au cinéma et comptait au départ se diriger vers la musique. A 17 ans, il obtient son premier petit rôle dans Les Favoris de la lune d’Otan Iosseliani. Après avoir échoué au concours d’entrée de l’IDHEC, il se met à tourner des courts-métrages alors qu’il n’a aucune notion en caméra ou en montage.
Un récit qui a permis de rassurer les étudiants : Il est possible de s’en sortir sans école mais rien ne s’obtient sans travail et passion. « L’inspiration n’existe pas. Il faut beaucoup écrire et réécrire une scène pour qu’elle soit réussie », leur confit-il.

… pour une soirée inédite

Une fois la masterclass achevée, la soirée s’est poursuivie dans la grande salle de projection pour la diffusion, presque inédite, de trois courts et longs métrages du réalisateur.

« D’où ça sort une voix dans un corps ? » se questionne Mathieu Amalric devant le public du cinéma, en présentant le premier film : C’est presque au bout du monde. Court-métrage qui marque le début d’une histoire d’amour entre le cinéaste et une chanteuse d’opéra, Barbara Hannigan. Entre sensualité et puissance, il nous fait le portrait – en suivant au départ une commande de l’Opéra de Paris – de celle qui est sa compagne depuis maintenant cinq ans. Quinze minutes, pas plus, mais bien suffisant pour nous dévoiler le retentissement d’un coup de foudre. Le film débute sur un gémissement, continue sur une lente respiration et révèle, dès les premiers plans, l’ambiguïté érotique et jouissif du film.

Le second métrage est aussi celui d’un passionné, d’un virtuose. John Zorn est un touche-à-tout, un religieux de la musique : « Il a inventé les formes musicales les plus dingues possibles » s’est exclamé le réalisateur du film. Rire, épanouissement et jouissance rythme les différents tableaux qui dépeignent un drôle de personnage audacieux et bout-en-train. La projection de ce film d’art est habituellement diffusée lors des concerts de l’artiste. Le premier épisode d’une trilogie – pour le moment – qui s’achève sur un joyeux « To be continued ».

La soirée s’est clôturée par un dernier court-métrage, Music is music, qui met à nouveau Barbara Hannigan sous le feu des projecteurs. Cette fois-ci pas sous les traits d’une cantatrice mais plutôt sous ceux d’une cheffe d’orchestre. «  L’idée de la folie, n’est pas la même que celle de la démence. On peut être folle de quelqu’un » confie la chanteuse. Un doux mélange des paroles de Barbara, reprisent par Mathieu, et du langage corporel de la musique. Un moment de poésie qui rendrait le plus hermétique des spectateurs mélomane.

Trois films qui ont ainsi pu montrer le lien étroit entre le cinéma et la musique. « Le cinéma n’apporte rien à la musique. Mais la musique m’apporte beaucoup » termine Mathieu Amalric, expliquant son épopée avec ces deux artistes qui aiment le gout du risque et dont l’amour pour la musique est incommensurable.

Infos pratiques

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Jérémie Laurent-Kaysen
Après deux années de classe préparatoire en Lettres et une licence Humanités, lettres et sciences humaines, il réalise actuellement un Master de Journalisme Culturel à Paris X. Il est rédacteur pour Toute La Culture depuis novembre 2019.

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