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Un superbe 11e Festival du film franco-arabe à Paris-Est

Un superbe 11e Festival du film franco-arabe à Paris-Est

01 December 2022 | PAR Melissa Chemam

Parrainé par le cinéaste Costa-Gavras, l’événement annuel est organisé par la Direction des Affaires Culturelles de la ville de Noisy-le-Sec, en collaboration avec l’Institut français de Jordanie à Amman, la Royal Film Commission de Jordanie et la municipalité d’Amman. Pour cette 11e édition, organisée du 18 novembre au 1er décembre 2022, la sélection a brillé par sa sélection de talents et de films passionnants.

Cette année, le Festival s’est centrée autour la ville de Romainville et de son superbe cinéma d’art et essai, Le Trianon. À l’exception de quelques projections au cinéma Le Méliès de Montreuil, à l’Ecran Nomade de Bobigny, au Cin’Hoche de Bagnolet, au cinéma Le 104 de Pantin, au Centre Pompidou, et à l’Institut du monde arabe.

Né en 2011 d’une “volonté de créer des ponts entre les cultures pour favoriser la compréhension, la découverte et les échanges”, il apporte aux Franciliens une compétition de courts-métrages est organisée et une série de projections de certains des meilleurs films produits dans le monde arabe.

Véritable voyage artistique et cinématographique, le festival a réuni des films venant d’Irak, du Liban, du Maroc, de Palestine, de Syrie, de Tunisie, et de France. Il a également organisé de nombreuses rencontres, et mis en place une compétition atour de huit courts-métrages.

 

De grands films politiques et des émotions intimistes

Parmi les films les plus attendus, ‘La Conspiration du Caire’, thriller politico-religieux du réalisateur Tarik Saleh, déjà à l’origine du brillant ‘Le Caire confidentiel’ en 2017, et ‘Le Bleu du Caftan’ de la Marocaine Maryam Touzani, primé à Cannes, et l’un de grands moments du festival.

Le synopsis est le suivant : Halim et sa femme de plus de 25 ans, Mina, tiennent un magasin de caftans traditionnels dans l’une des plus anciennes médinas du Maroc, dans la ville de Salé, près de la capitale, Rabat. Halim est en effet un maalem, un maître tailleur de caftans, dont les compétences sont devenues très rares. Mina tient l’entreprise d’une main de fer, pour défendre son droit d’exercer son métier sans être pressé par les exigences contemporaines ou pressé.

Mais même dans la médina, les temps changent… Et la concurrence des tailleurs industriels fait rage. Afin de faire face à une clientèle de plus en plus exigeante, le couple engage un nouvel apprenti. Et, pour une fois ils semblent avoir attiré un jeune homme talentueux, Youssef. Mais malheureusement Mina n’est plus elle-même et a de plus en plus besoin de se reposer. Alors que Youssef s’implique de plus en plus dans leur métier, elle ne peut s’empêcher de réaliser à quel point son mari est touché par sa présence…

Le film se distingue par ce sujet difficile, celui du tabou de l’homosexualité masculine au Maroc, dont le traitement est impeccable. Mais il brille surtout par la superbe photographie de Virginie Surdej : Les couleurs de la soie, la lumière et le cadrage des scènes sont de la pure poésie.

L’essentiel du film se déroule en intérieur, donnant aux personnages une intimité dont ils ont envie, dans un pays où les espaces privés sont rares. Pour se retrouver seul, par exemple, Halim ne peut compter que sur le hammam.

Les dialogues sont réduits à l’absolue nécessité, laissant le silence entre les personnages agir comme un ciment qui les lie dans une véritable intimité. Les acteurs expriment plus avec leurs yeux et leur corps que des milliers de mots ne pourraient en dire dans une telle situation. “Pour moi, il est très important de pouvoir dire des choses sans mots”, a également déclaré Maryam Touzani, “pour réduire le dialogue au minimum et j’aime transmettre des émotions à travers les regards.”

Belle et forte représentation de l’Algérie, la Palestine et de la Tunisie

le festival a en particulier rendu hommage à l’Algérie, en cette année des 60 ans de l’indépendance du pays, avec vingt-six longs métrages produits, illustrant un cinéma en plein essor. Le film ‘La Dernière Reine’ d’Adila Bendimerad et de Damien Ounouri est une fiction épique franco-algérienne se déroulant au 18e siècle, présentée cet été à la Mostra de Venise. Le film sera également montrée en avant-première lors du festival de Seine-Saint-Denis.

Autre film remarqué : celui de Mounia Meddour. Elle revient après le succès public et critique de ‘Papicha’. Son film, ‘Houria’ met de nouveau en avant l’actrice Lyna Khoudri, nommée meilleur espoir féminin aux César de 2020. Elle-même née en Algérie, élevée à Aubervilliers, l’actrice garde des liens très fort avec l’Algérie et est devenue depuis deux ans l’une des égéries de grands cinéastes, comme Rachid Bouchareb, Cédric Jimenez et Wes Anderson.

La Tunisie, avec trois premiers films de fiction et un documentaire, démontre une fois de plus de la richesse de son cinéma. Erige Sehiri, marraine de cette édition, a présenté, en plus de son documentaire ‘La Voie normale (sortie en salle en 2021), sa première fiction : ‘Sous les figues’, présentée à la Quinzaine des Réalisateurs en mai dernier.

Enfin, les trois fictions venant de Palestine ont permis de mettre en avant une jeunesse palestinienne bouillonnante et engagée. En particulier, ‘Alam’ de Firas Khoury, présenté à l’Institut du Monde Arabe lundi soir, a passionnée une salle bondée, avec son histoire de lycéens prêts à planter un drapeau nationaliste malgré les interdictions de leurs aînés.

Le dernier soir, c’est la nouvelle comédie noire de la réalisatrice Maha Haj, ‘Fièvre méditerranéenne’, qui a clôturé un festival passionnant.

Visuel  : Affiche

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Melissa Chemam

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