Cinema

Un Robin des Bois au souffle épique asthmatique

25 May 2010 | PAR Margot Boutges

Nul ne vole aux riches pour donner aux pauvres dans le Robin des Bois de Ridley Scott. Ce dernier ne nous raconte pas l’histoire du justicier médiéval telle que nous la connaissons et telle que le cinéma d’Errol Flynn, de Kevin Costner et de Disney l’a popularisée mais nous propose un presquel à la légende. Robin n’est pas encore Hood mais Longstride. Il n’est pas encore le meneur de la résistance planqué avec sa troupe de joyeux drilles dans la forêt de Sherwood mais  un simple archer au service de Richard Coeur de Lion. Lorsqu’il voit son souverain mourir au siège de Châlus après sa croisade en Terre Sainte (invention historique numéro 1), il déserte avec ses compagnons d’armes. Se faisant passer pour le seigneur de Loxley mort au combat, il s’en va remettre la couronne au nouveau monarque, le véreux prince Jean. Avant de se rendre à Nottingham où il découvre la corruption qui ronge le pays et l’amour dans les bras de Lady Marianne veuve Loxley. Confronté à la tyrannie, Robin se révolte, est déclaré hors-la-loi et nous laisse au début du chemin que nous connaissons…

Il y a longtemps qu’on a cessé d’attendre un bon film de Ridley Scott mais là, on y croyait presque ! Ridley Scott filmant Russel Crowe, des épées qui s’entrechoquent, un guerrier se heurtant au pouvoir en place… Tout cela nous évoquait furieusement Gladiator qui avait quand même su ressusciter le péplum il y a dix ans (déjà…) et on était en droit d’espérer du spectaculaire de la part d’un réalisateur qui nous a prouvé qu’il savait convoquer le souffle épique. Mais la magie n’opère pas. Le début est pourtant prometteur : Le film démarre en côte avec une impressionnante scène de siège, des flèches qui partent dans tous les sens, des corps qui s’éparpillent et un Russel Crowe qui a su revenir à la raison capillaire… Le souffle se lève mais retombe aussitôt pour ne plus décoller. La faute à un scénario sage et sans surprise porté par des personnages qui, s’ils ne sont pas complètement inconsistants, manquent cruellement de matière. Résultat : Un héros fadasse, une Lady Marianne qui ne doit son intérêt qu’au port de vierge de glace de Cate Blanchett, une troupe de méchants sans charisme et une équipe de gentils faire valoir tendant à l’ébriété perpétuelle (on est quand même heureux de constater que le docteur Archi Morris d’Urgences a une actu depuis la fermeture du Cook County). Et que dire de la princesse Isabelle, promise de Jean, interprétée par une Lea Seydoux plus-transparente-que-ça-cela-s’appelle-de-la-figuration qui ne remplit même pas son rôle de potiche glamour frenchy ? Bref, au premier comme au second plan de l’histoire, on déplore la cruelle absence de personnage saillant.  Et on repense avec nostalgie aux dialogues sertis de perles et de serpents de Gladiator, au général Maximus, à l’empereur Marc Aurèle et au couple de frère et sœur incestueux magistralement campés par Joachim Phoenix et Connie Nielsen…

Si Robin des Bois ne nous réserve aucun pic d’intérêt, il abrite quand même quelques scènes grotesques qui viennent nous divertir. Non content d’avoir complètement plagié la scène du débarquement d’Il faut sauver le soldat Ryan de Spielberg dans sa propre scène de débarquement des troupes de Philippe de France sur les terres anglaises (invention historique numéro 2), Ridley Scott a concocté quelques ralentis pompeux et risibles, un discours évoquant la Magna Carta où Robin se prend pour Danton récitant les droits de l’homme et du citoyen et quelques mauvais flashback censés exprimer les traumatismes de l’enfance. Mais même ces “instants de grâce” viennent se perdre dans la monotonie longuette du film qui nous entraine péniblement jusqu’à un générique qu’on reconnaitra original et entrainant. Mais c’est un peu tard.

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Margot Boutges

2 thoughts on “Un Robin des Bois au souffle épique asthmatique”

Commentaire(s)

  • Aetius

    Une critique que je trouve très négative par rapport au film lui même et par rapport à l’impression de la salle lorsque je suis allé le voir le jour de sa sortie, en VOST bien sûr.

    Globalement le public était enchanté, la faute (ou plutôt grâce) à l’ambiance de ce film qui retranscrit avec brio l’époque même s’il joue quelques tours à l’histoire, la grande avec un H. Car la petite, celle ces pauvres gens et d’une campagne misérable, celle d’une lutte constante entre le trône de France et l’Angleterre, pour récupérer les possessions anglo saxonne sur le territoire franc, les fêtes, la bière, le rapport de domination perverse de l’église sur la populasse, ridley scott sait admirablement le montrer.

    Petit point qui me chagrine, l’introduction de votre article qui repompe ou s’est fait repomper (à force on ne sait plus) une demi douzaine d’autres articles qui disent de ridley scott qu’il n’a plus fait un bon film depuis 10 ans. C’est oublier american gangster, unaniment salué, et l’excellent Kingdom of heaven, un film à la fois épique et réflechi qui montre un saladin et un proche orient tels que le cinéma américain semblait incapable de les montrer: avec toute leur subtilité !

    May 26, 2010 at 7 h 46 min
  • Margot Boutges

    En toute sincérité, je n’ai lu aucun article sur Ridley Scott. Il s’agit d’un avis vraiment très personnel sur la filmographie de ce réalisateur que je trouve globalement sans âme (si on isole quelques coups de maitre : Gladiator, Alien et Blade Runner) mais je suis consciente que tout le monde ne peut pas partager cet avis ! Personnellement, j’ai trouvé American Ganster sans grand intéret et Kingdom of Heaven très ennuyeux (la faute d’un Orlando Bloom qui n’arrive déjà pas à faire quoi que ce soit d’un second rôle, alors d’un premier…)mais je sais qu’il y a pas mal de gens qui ne sont pas d’accord avec moi et je suis contente qu’ils le fassent savoir !
    Le débat reste ouvert !

    May 26, 2010 at 10 h 40 min

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