“The Wicked Darling” de Tod Browning en ciné-concert le 11 avril, avec l’Arras Film Festival
Faute de salles de projection ouvertes, un film rare de Tod Browning fait l’objet d’une séance spéciale ciné-concert sur Internet, proposée par l’Arras Film Festival. A voir le 11 avril à 19h30.
En 2020, l’Arras Film Festival a dû hélas reporter son édition pour cause de coronavirus. Mais la manifestation a pris le parti d’imaginer des événements pour remplacer ses habituelles projections. Ainsi, le 11 avril 2021, le film muet rare The Wicked Darling, signé par Tod Browning en 1919, fait l’objet d’un ciné-concert sur Internet, à regarder gratuitement sur La Vingt-Cinquième Heure à 19h30.
Artiste associé du Festival, le pianiste Jacques Cambra a travaillé avec onze élèves de douze à dix-huit ans pour créer une musique d’accompagnement pour cette œuvre. Un travail joué ensuite en direct pendant la diffusion du film, avec le réalisateur Ben Flinois en train de capter cette exécution.
Cet enregistrement par les caméras de la musique jouée en direct devant le film diffusé offre au final une splendide expérience. On reste ébloui par la qualité de la partition composée, parfaitement au diapason de la poésie toute simple et toute vénéneuse des images de The Wicked Darling. Les cuivres et les vents se taillent la part du lion, et font naître une atmosphère suspendue, au carrefour de plusieurs émotions : mélancolie, ironie, mauvais sentiments…
Peu de passages paraissent figuratifs, dans cette bande originale : on a donc tout le loisir de se laisser happer par ses thèmes ciselés, et d’apprécier en même temps la façon dont ils sont composés. La réalisation passe aussi du temps à cadrer les musiciens, parmi lesquels le trompettiste, dont la virtuosité (et l’âge) impressionnent.
Parfaitement pensé et exécuté, cet objet filmique captive. Son montage laisse toute la place aux interprètes musicaux pour s’imposer, et permet en même temps d’être immergé dans le film, belle promenade intemporelle qui voit deux éclopés se rencontrer. Une homme ruiné et une petite délinquante à l’ancienne mode : un duo de solitaires dont on se sent immédiatement proche, grâce à la splendide réalisation dynamique de Tod Browning, qui alterne séquences narratives et plans admirables et fugaces sur des détails et sait ménager de la bizarrerie. La teinte des images et leur caractère restauré mais demeurant assez ancien fascine, de même que le jeu très expressif de l’actrice Priscilla Dean. La splendide bande sonore égale ces images, et vice-versa.
Une autre diffusion de ce travail aura lieu ensuite, sur la chaîne YouTube de l’Arras Film Festival, le 16 avril.
Visuel : © Arras Film Festival