Cinema
The Mountain : ce qui ce conçoit bien se révèle excellent

The Mountain : ce qui ce conçoit bien se révèle excellent

20 June 2019 | PAR Philippine Renon

The Mountain : Une Odysée Américaine arrive sur le Champs-Élysées film festival (hors compétition) pour une première en France. Après un passage au Sundance et par la Mostra de Venise, où il était en lice pour le Lion d’Or et le Prix Spécial du Jury, le troisième film de Rick Alverson est un objet parfait. En salles le 26 juin prochain.

Les films difficiles à résumer sont souvent les mêmes que ceux qui parlent peu. Celui-là fait son miel de ces deux éléments, alors il est singulier. Des gens pleuraient, d’autres partaient, certains étaient à fond dedans et d’autres riaient nerveusement. Ceux-là se faisaient engueuler,  l’une s’est même faite gratifiée d’un joli nom d’oiseau… Les joies du cinéma, surtout indépendant. Nous qui avions le temps de prendre le pouls de la salle, le film étant plutôt lent, nous fûmes donc servis par ce petit spectacle parallèle à l’écran. Et ce rythme déroutant mérite de rester collé au cuir marron des sièges du Publicis Cinéma. Un spectateur se voit progressivement récompensé par une forme de suspens.

Filmé en 4:3, l’image centre parfaitement les personnages et objets. Chaque plan est ultra-composé et l’image titille assez souvent les bords de son propre cadre. Rick Alverson campe sa caméra quasi-fixe, et filme des chairs d’hommes et de femmes, dans des espaces clos. Par un très léger et très lent travelling avant récurrent, le réalisateur nous happe dans plusieurs champs : celui de ses personnages, et celui du cinéma. Ainsi nous en tairons l’histoire pour ne pas réduire à quelques phrases ce film initiatique qui ne se résume pas et se vit pleinement.

Entre frustration et régal

Des âmes sont mises en boîte par le cinéaste qui fait évoluer ses personnages entre hôpitaux psychiatriques, grosses berlines vintages et villas isolées dans la montagne boisée. On ne sait pas trop où va, tout le long de cette heure et quarante-huit minutes, cet enchaînement de plans qui semblent durer chacun exactement le même temps. D’ailleurs à la sortie, on est pas plus avancés, ni même le lendemain après y avoir repensé… 

Ce film est un écrin, dans lequel se meuvent avec une grande liberté des caractères finement taillés, jamais exagérés par ceux qui les portent. Jeff Goldblum, impérial et Denis Lavant théâtral, apportent chacun leur touche de louche et de poésie avec une justesse folle. Tandis que le jeune Tye Sheridan, vu depuis tout petit chez de grands cinéastes, offre généreusement des plongées silencieuses dans ses yeux humides. À l’image de la patineuse, qui dès le premier plan figure une danseuse dans une boîte à musique, ce film est une ritournelle, mélancolique et triste. Comme une toile, une sculpture délicieusement aboutie, The Mountain est une œuvre léchée et maîtrisée, sans l’ombre d’un défaut.

Visuels : © Stray Dogs 

The Mountain : une odyssée américaine, réalisé par Rick Alverson avec :
Jeff Goldblum : le Dr Wallace Fiennes
Tye Sheridan : Andy
Denis Lavant : Jack
Hannah Gross : Susan
Udo Kier : Frederick

Durée 109 minutes. Sortie en salles le 26 juin.

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