Cinema
Cannes 2019, ACID : “Take Me Somewhere Nice”, trip halluciné à travers la Bosnie

Cannes 2019, ACID : “Take Me Somewhere Nice”, trip halluciné à travers la Bosnie

22 May 2019 | PAR Lou Baudillon

Alma vit aux Pays-Bas avec sa mère et se prépare à rejoindre son père, hospitalisé en Bosnie, pour l’été. Take Me Somewhere Nice d’Ena Sendijarevic, en sélection ACID pour le festival de Cannes 2019,  suit alors son voyage irréel et électrique où les rencontres plus absurdes les unes que les autres s’enchaînent tandis que Alma fait l’expérience de la vie et de sa propre identité. 

Alma vit aux Pays-Bas dans le confort d’une vie agréable sous la protection maternelle. Le film commence par les préparations à un départ, celui qu’Alma va effectuer vers la Bosnie pour y retrouver son père, hospitalisé. Ce voyage d’été, familial, c’est surtout celui du retour vers ses origines. Arrivée en Bosnie, Alma se retrouve vite confrontée à l’imprévisibilité de la vie. D’abord femme-enfant discrète et naïve, elle présente peu à peu les traits d’une jeune femme entêtée lorsque son cousin, garçon paumé qui l’accueille, refuse de l’emmener voir son père. Ainsi s’engage un road-trip  à la photographie minutieuse et acidulée, dans lequel les désagréments et les absurdités s’enchaînent.

En apparence impassible devant les choses qui lui arrivent, Alma transpire une sensibilité qui la pousse à se frotter de tout son être à cette aventure initiatique. À l’image des appels téléphoniques de plus en plus espacés qu’elle accorde à sa mère, elle semble grandir et se fondre peu à peu dans un paysage d’Europe de l’Est déroutant. Alma fait corps avec son voyage, elle devient sauvage et imprévisible, comme si le retour à ses racines révélait une nouvelle face de son identité. La valise qu’elle avait apportée et qui ne sera jamais ouverte renferme toutes les commodités matérielles et spirituelles d’une vie adolescente qu’Alma laisse derrière pour plonger tête la première dans une autonomie douce-amère où sa féminité, aussi, se déploie. 

Ena Sendijarevic livre avec Take Me Somewhere Nice, un récit semi-autobiographique de type Alice aux pays des merveilles, où la fraîcheur et la mélancolie se porte sur cette Europe de l’Ouest toujours bien séparée de sa voisine de l’Est, sur une jeunesse qui semble observer de l’extérieur le surréalisme du monde en cherchant à se frayer un chemin dans sa propre histoire. Le propos est aussi celui de la solitude d’être toujours entre deux, entre l’Est et l’Ouest, entre sexualité crue et amour sincère, entre technologie et nature, entre une culture et une autre. Il invite à se reconnecter avec sa réalité, la prendre à bras le corps pour enfin vivre.

Visuels : ©ACID

Avec Muthoni Drummer Queen, le hip-hop kenyan s’invite sur la scène du Badaboum
“Le vaisseau fantôme” s’exporte sur 40 écrans de l’Ouest
Lou Baudillon

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration