Cinema

Sortie ciné : The good heart

12 March 2010 | PAR Geraldine Pioud

Jacques et Lucas ne se seraient certainement jamais rencontrés s’ils ne s’étaient pas retrouvés dans la même chambre d’hôpital. Deux êtres en fin de parcours que tout semblait séparer et qui vont finalement faire un bout de chemin ensemble. The good heart, une histoire bouleversante racontée avec beaucoup de tendresse.

Le cinéma propose souvent des histoires de rapprochements improbables, où des êtres que rien ne semblait pouvoir unir finissent par se retrouver. Il n’y est pas toujours question de l’amour amoureux, mais aussi de l’amour amical. Dans The good heart, c’est au départ une forme d’intérêt réciproque qui conduit Jacques (Brian Cox) et Lucas (Paul Dano) à travailler ensemble et à cohabiter. Jacques est un homme grognon, tenancier d’un bar, qui vient de faire sa cinquième crise cardiaque. Le lit à côté dans la chambre d’hôpital est occupé par le jeune Lucas, un SDF qui vient de rater sa tentative de suicide. Jacques n’ayant pas d’héritier, souhaite transmettre son bar à Lucas et le prend sous son aile. La collaboration de ces deux tempéraments antinomiques donnera lieux à des scènes d’anthologie, aussi drôles qu’émouvantes. L’arrivée du canard, acheté au départ comme mets de Noël mais qui finira comme animal de compagnie, accentuera les contrastes psychologiques et sera même l’élément déclenchant d’une conclusion surprenante. Mais c’est par ailleurs l’incursion d’un élément de la gent féminine, April (Isild Le Besco), qui mettra en place une nouvelle donne. Seule et ivre, elle trouve refuge un soir auprès de Lucas. Malgré les recommandations de Jacques (ne jamais permettre à une femme d’être dans son bar), le jeune garçon n’a pas le courage de laisser repartir April. Voyant en elle une sorte de double féminin, être seul et perdu dans l’existence, Lucas, comme par devoir de transmission, prend à son tour un autre sous son aile. Les tensions entre Jacques et April, les promesses, le retour à la rue,… les situations changent et évoluent au fil des jours, mais une forme d’essentiel demeure : ils ne peuvent pas vivre les uns sans les autres.

Tout au long du film les personnages se cherchent, essayent de se comprendre mais se mentent aussi. Le travail sur la profondeur psychologique de ces êtres de fiction est remarquable, accentuant leurs différences en les rendant complémentaires. Jacques, ce bourru au prénom français, a une face cachée, un jardin secret qu’il cultive dans sa tête et là-bas, en Martinique : il y a construit son paradis et y entretient son fantasme. C’est un terrestre, un homme brut de décoffrage. Lucas se pare quant à lui d’une forme d’irréalité céleste. Il ne marche pas vraiment, il semble se déplacer à quelques centimètres du sol, habitant avec difficulté un corps qui semble beaucoup trop étroit pour lui. Sa beauté ne correspond à rien de classique, comme venu d’ailleurs. Il pourrait être un ange, un être de passage. April quant à elle a l’énergie des volcans, le côté pétillant des bulles de champagne et la complexité de toutes les femmes. Elle fera bouger (avancer?) les choses, ne permettant pas à Jacques et à Lucas de vivre selon leur plan. Cet éventail de caractéristiques offrent des moments intenses, extrêmes, qui finissent par les conduire tous les trois vers ce à quoi ils semblent être destinés depuis le début.

The good heart est un film sur l’amour, sur la solidarité, sur la compassion. Il convoque l’enfant, l’adolescent, l’adulte, le mourant, l’amoureux, l’aigri, le solitaire, le pessimiste, l’optimiste, le courageux, l’indifférent, … pour lui faire comprendre que les derniers instants ne sont pas là où on les attend et que rien n’est jamais perdu de façon irrémédiable. Dagur Kari fait preuve d’une grande maîtrise de la mise en scène et dirige ses acteurs avec justesse (Paul Dano, récemment vu dans Gigantic aux côtés de Zooey Deschanel, est de plus en plus étonnant) : son film est d’une beauté indescriptible et d’une grande tendresse. Il serait facile d’en parler pendant des pages, mais le mieux est d’aller le voir!

The good heart, de Dagur Kari , avec Paul Dano, Brian Cox, Isild Le Besco
Sortie en salles le 17 mars 2010

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Geraldine Pioud

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