Singué Sabour de Atiq Rahimi, le film
Adaptation du Goncourt 2008 par son auteur lui-même (avec tout de même un scénario signé Jean-Claude Carrière), Singué Sabour (Pierre de patience) met en images sur le très beau visage de Golshifteh Farahni les secrets d’une femme afghane. Au programme : beauté, orientalisme et féminisme exotique. Sortie le 20 février 2012.
Dans un Afghanistan en pleine tourmente, la toute jeune femme d’un guerrier beaucoup plus âgé veille son mari dans leur appartement, avec ses deux petites filles. Le patriarche a une balle dans la nuque et est tombé dans le coma, mais il n’est pas mort. Or, le danger augmente et la jeune-femme doit mettre ses filles à l’abri. Elle les emmène chez sa tante, une vieille femme sage qui tient une maison de passe. Après quelques hésitations, la femme revient, elle, au chevet de son mari, pour le laver, le nourrir (par perfusion d’eau sucrée) et surtout se mettre à lui livrer tous ses secrets. Comme une “Pierre de patience” (Singué Sabour en Farsi) elle espère que ces confidences intimes sauront imprégner celui qui a été son époux pendant près de dix ans mais ne la connaît pas et le ramener d’entre les morts vers une vie bruissante.
Maniant avec dextérité les clichés sur la sexualité de la femme orientale emprisonnée par la religion (on a même droit à une exégèse du rôle de Khadija qui serait la “véritable” prophète du Coran), étalant la beauté rayonnante de Golshifteh Farahni sur des images qui se veulent d’une lumière verte et lente, “à la manière” des maîtres (Rahimi cite tour à tour Wong Kar-Wai, Rosselini et Bergman ), Singué Sabour égrène dans une langue envoûtante des larmoiements attendus qui séduiront certainement les lecteurs du roman. Et tous ceux et celles qui pensent tellement bien que les femmes musulmanes elles-aussi peuvent être sexy et pleines de désir sous leur voile.
Singué Sabour de Atiq Rahimi, avec Golshifteh Farahni, Hamidreza Javdan, Massi Mrowat, Hassina Burgan, France/ Allemagne / Afghanistan, 4h42. Sortie le 20 février 2013.
(c) Benoit Peverell
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