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« Starting from nowhere », série documentaire musicale finement dépaysante, en format court

« Starting from nowhere », série documentaire musicale finement dépaysante, en format court

18 June 2019 | PAR Geoffrey Nabavian

Alors que son album, Stellar Dream, est annoncé pour le 4 octobre prochain, et que ses singles sont progressivement révélés, cette série à voir sur YouTube donne à suivre l’artiste Junior Rodriguez dans une Islande belle, sobre et sauvage, filmée à hauteur d’homme avec subtilité et curiosité.

Au son du vent nordique, une caméra à la définition éblouissante suit le musicien Junior Rodriguez, en visite dans le pays sauvage islandais pour essayer de trouver de nouvelles inspirations et composer. Série documentaire d’une durée totale d’une heure dix, réalisée avec un très beau point de vue technique par Albéric Jouzeau, Starting from nowhere apparaît comme une balade très stimulante, avec plusieurs dimensions. Elle est à voir sur YouTube, pour se préparer à l’écoute de Stellar Dream, l’album de l’artiste, qui paraîtra le 4 octobre prochain, et contiendra notamment le single “Just like you », dévoilé récemment.

Beauté et curiosité

A l’image, la beauté du pays rayonne : des plans qui paraissent filmés au drone captent régulièrement ses grands espaces, sans trop d’effets. Et le plus souvent, l’artiste que l’on suit se retrouve seul, dans les lieux qu’il traverse, et qu’il prend le temps de regarder, quels qu’ils soient, avec l’œil de la caméra à ses côtés, au même rythme.

Nul étonnement béat devant l’étranger ici, et nulles considérations sur la création : Junior Rodriguez apparaît avant tout très concentré sur son objectif, en rapport avec l’inspiration. Qu’il trouve une église, avec un orgue, ou une bâtisse agricole un peu ancienne, il y installe ses enregistreurs et ses instruments, pour aboutir non pas à un chef-d’œuvre, mais à des essais sonores, réalisés souvent à partir du matériel qu’il trouve. Starting from nowhere donne donc avant tout à suivre un travail musical.

Un homme qui cherche à découvrir et communiquer

Et outre les plans des paysages, impressionnants, le vrai dépaysement réside dans la manière dont Junior Rodriguez « vit » son voyage, et traverse ce territoire sauvage non pas en touriste, mais en visiteur. S’il rencontre une immense cascade, il se rend derrière pour enregistrer le bruit de la quantité d’eau qui se déverse. Lorsqu’il arrive devant un lac où flottent un grand nombre d’icebergs (l’incroyable décor de l’Episode 6), de même, il utilise son atmosphère sonore pour enregistrer des passages chantés. Et lorsqu’il tombe, au cœur d’une grande étendue, sur une carcasse d’avion écrasé, on reste tout d’abord impressionnés par cette découverte étonnante, avant de regarder l’homme produire patiemment du son à partir de cette vieille épave. Une « communication » avec l’inconnu est captée, sous nos yeux, très sobrement, sans qu’un message trop appuyé – qui verserait dans le cliché – soit ouvertement transmis.

La série, de surcroît, ne verse ainsi pas dans le général ou dans l’exaltation de l’homme seul face aux grands espaces naturels : elle se contente de rester très concrète, et son montage brillant produit un bel effet, permettant des épisodes courts, où tous les éléments narratifs sont marquants. La rencontre avec deux français venus faire un peu de surf, par exemple, demeure à ce titre plus qu’une simple récréation, de par le décor qu’elle donne à connaître – une plage grise semée d’énormes glaçons – et la participation d’un phoque curieux à la session aquatique. Nul besoin ici de tracer à toute force des personnages ou de la dramaturgie, pour captiver : au gré de la forme très intelligente prise par la série, la moindre découverte ou rencontre accroche l’attention.

On peut préciser aussi, au final, que cette production comporte aussi un côté « feel good spirit ». Pas trop appuyé, vu qu’il se fonde uniquement sur la personnalité énergique de Junior Rodriguez, qui se laisse enchanter sobrement par tous les éléments naturels ou humains qu’il rencontre. On est donc tout heureux de le côtoyer au fil de ces courts épisodes.

Starting from nowhere dure une heure dix, au total, et est à voir sur YouTube.

Visuels : © Tendance Production

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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