Cinema
Reprise à l’Action Christine : La Féline et Angoisse, deux films envoûtants de Jacques Tourneur

Reprise à l’Action Christine : La Féline et Angoisse, deux films envoûtants de Jacques Tourneur

24 July 2011 | PAR Olivia Leboyer

Comme tous les étés, l’Action Christine propose des thématiques très attirantes. La semaine du 18 juillet, le thème était : la peur ! Plusieurs films au programme, dont deux perles noires de Jacques Tourneur, qu’il faut voir absolument ! Prochaines rétrospectives : David Lean (voir notre article sur Summertime) et La Maison des 7 pêchés de Tay Garnett.

Jacques Tourneur (fils de Maurice) s’est exilé aux États-Unis dans les années 1920. Là, il a fait ses armes sur divers tournages, avant de se lancer dans la réalisation. Or, il possédait une imagination diabolique et une attirance pour les univers troubles et fantastiques. La Féline est un film culte, hallucinant de maîtrise et d’audace, qui a hanté plusieurs générations de spectateurs ! Dans un zoo, Oliver Reed (John Smith), jeune et candide ingénieur, rencontre une belle et mystérieuse étrangère. Irena Dubrovna (la très jolie actrice française Simone Simon) est artiste, solitaire et possède un charme magnétique. Très vite (de manière très irrationnelle pour un ingénieur !), Oliver demande Irena en mariage, alors qu’ils n’ont même pas échangé le moindre baiser. Et pour cause : Irena, en proie à des croyances ancestrales de son petit village serbe, croit fermement que le contact physique avec un homme entraînerait sa métamorphose en panthère noire… (on pense aux envoûtantes nouvelles de Barbey d’Aurevilly). Irena confie ses angoisses, très sincèrement, à son mari, qui cherche alors un psychanalyste compétent. D’un côté, le bon sens américain, la croyance dans les pouvoirs de décryptage de la science moderne ; de l’autre, le fantastique, l’incroyable force des fantasmes sauvages. Irena est-elle folle ? Se transformerait-elle vraiment en fauve si elle cédait à la passion ? Captivant, le film enchaîne des scènes d’une grande tension érotique avec des séquences effrayantes à souhait, par tout un jeu d’ombres et de lumières, sidérant ! (la scène de la piscine est devenue un classique). Un film splendide, mélancolique et fou.
Moins connu, Angoisse (1944), du même Jacques Tourneur, est un film noir extrêmement intrigant, d’une beauté frappante. Le Docteur Bailey, dans un train, un soir d’orage rencontre une aimable vieille dame, qui lui confie quelques éléments de sa vie : elle se rend chez son frère Nick, brillant médecin, et sa magnifique femme. A l’arrivée, un échange de valises et puis cette coïncidence : dans son séminaire médical, Bailey entend que la dame du train vient de mourir d’une crise cardiaque. Surpris, il se rend chez le frère, dont il rencontre l’épouse, Allida (Heddy Lamarr), d’une beauté à couper le souffle. Mais un climat étrange, étouffant, règne dans la maison. Moins spectaculaire que La Féline, Angoisse impose une tension permanente, qui fait diablement penser à Hitchcock.
Deux films des années 1940 qui jouent sur les fantasmes et la peur, sur les ombres et la lumière, la raison et la folie, avec une liberté et une modernité saisissantes !

La Féline (Cat People ; 1942) et Angoisse (Experiment perilous ; 1944), de Jacques Tourneur. A retrouver en dvd chez tout bon vidéoclub comme vidéosphère.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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