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PIFFF : Journée du 11 décembre : des rednecks flamands, des dents de glace et une mystérieuse montagne

PIFFF : Journée du 11 décembre : des rednecks flamands, des dents de glace et une mystérieuse montagne

12 December 2022 | PAR Adam Defalvard

Une nouvelle journée au PIFFF pour vivre toutes les émotions avec la vitesse de H4Z4RD (Jonas Govaerts), l’ambiance pesante de Earwig (Lucile Hadzihalilovic), la diversité de la compétition de courts-métrages internationaux et l’appel de la nature de La Montagne (Thomas Salvador)

H4Z4RD de Jonas Govaerts (critique de Julien Coquet)

Quelle bonne surprise que cette séance décalée qui nous a cueillis dès dimanche matin ! H4z4rd s’inscrit dans une série de films de niche que l’on pourrait classifier sous l’appellation « mes compatriotes Flamands, ça vole pas haut », avec deux films emblématiques comme New Kids Turbo (2010) et New Kids Nitro (2011) de Flip Van Der Kuil et Steffen Haars, auxquels on pourrait rajouter le bienheureux Dikkenek d’Olivier Van Hoofstadt (2006). En Belgique, Noah a deux passions : sa compagne et sa belle voiture jaune toute tunée. En allant chercher son cousin à la sortie de prison, Noah se retrouve dans un bourbier insondable en acceptant une combine foireuse.

Le réalisateur de Cub s’associe au scénariste de Cheap Thrills (Trent Haaga) pour livrer un script qui tourne à 200 à l’heure : pas un seul temps mort n’existe dans cette mécanique d’une descente aux enfers parfaitement huilée. On suit avec patience Noah accompagner son cousin, réparer les dégâts et essayer de maintenir à tout prix la propreté de sa voiture. Tout au long des 87 minutes de H4z4rd, on croisera un loup, un agent de sécurité qui aime beaucoup (beaucoup) les voitures, un videur un peu agressif, une dealeuse chic et choc, etc. Un début de journée prometteur !

H4z4rd de Jonas Govaerts, Belgique, 2022, 1h27

Earwig de Lucile Hadzihalilovic, en compétition officielle

La cinéaste française Lucile Hadzihalilovic présente Earwig, adaptation d’un livre de Brian Catling le film dont le titre signifie perce-oreille raconte l’histoire d’une petite fille nommée Mia, une petite fille aux dents de glace. Un homme, Albert, s’occupe de Mia et la prépare à ce qui semble être un mystérieux rituel pour lequel des instructions lui sont délivrées par téléphone. La réalisatrice propose, à l’instar de ses précédentes réalisations Evolution (2015) et Innocence (2004), un film de genre sans concessions. Enfermés dans un cadre austère, les personnages évoluent comme des vampires, insensibles au monde extérieur.

Le film réussit parfaitement à installer une ambiance sur le fil, à la fois tendue et onirique, et certains plans sont réellement magnifiques comme ceux montrant un train filant dans une brume épaisse. Le symbolisme autour des dents et de l’oreille semble effectivement venu d’un rêve, ou d’un cauchemar… Malheureusement, Earwig est aussi un film qui perd son spectateur par moments, la beauté des images ne suffisant pas à créer une cohérence dans la narration, il manque quelque-chose. A voir pour ceux qui aiment la lenteur, les beaux plans et ne pas tout comprendre.

Earwig de Lucile Hadzihalilovic, sortie en salles le 18 janvier 2023.

Compétition de courts-métrages internationaux

Place à la compétition de courts-métrages, et quelle incroyable sélection ! Grâce à la diversité des courts, on passe du sérieux avec l’histoire touchante du court-métrage iranien Don’t Breathe (Milad Nasim Sobhan) au rire avec Good Boy (Eros V), l’histoire d’un loulou de poméranie tueur, ou encore avec la petite comédie musicale d’animation Sucks to Be the Moon (Tyler March et Eric Paperth). Dans la sélection nous avons adoré Darker (Frank van den Bogaart), du folk horror réussi qui construit une étrange légende, celle d’Atlas, une sorte de divinité cachée au fond d’une forêt imposante et magnifiquement filmée.

Toujours dans les bois mais avec une ambiance tout à fait différente, Gnomes (Ruwan Heggelman) est un court-métrage détonant à la fois gore et drôle, six minutes de plaisir sanglant avec un superbe travail sur le son et la musique. Librement adapté d’une nouvelle de H.P Lovecraft, Le Temple (Alain Fournier) est un court-métrage d’animation enveloppé d’une ambiance de mystère racontant les derniers moments de l’équipage d’un sous-marin ayant mystérieusement coulé. Enfin, No Hay Fantasmas (Nacho Solana) suit une jeune femme proposant son aide aux personnes pensant être hantées, cependant, comme le titre l’indique, les fantômes n’existent pas et l’explication autour des mystérieuses voix entendues par les personnages est plus triste qu’effrayante, c’est souvent le cas avec les histoires de revenants…

Une séance réjouissante qui a prouvé encore une fois toute la diversité du genre fantastique !

La Montagne de Thomas Salvador, en compétition officielle

Après Earwig en début d’après-midi, c’est à nouveau un réalisateur français qui vient proposer son film au public du PIFFF. Thomas Salvador, à la fois réalisateur et premier rôle du film, offre un moment onirique et doux avec La Montagne. Pierre est un homme comme un autre, il travaille dans la robotique et alors qu’il se trouve dans la vallée de Chamonix pour le boulot, il ne peut résister à l’appel de la montagne. Lorsque Pierre descend du train in extremis, juste avant que celui-ci le ramène chez lui, on comprend qu’il va s’abandonner totalement à la nature. 

Le film prend son temps pour installer l’élément fantastique en son sein, et il peut se le permettre grâce à ses plans magnifiques sur le Mont Blanc. Peu de dialogues mais beaucoup d’émotions autour du personnage sensible de Pierre et de sa nouvelle vie dans sa tente au creux de la montagne. Le film bascule du côté fantastique lorsque Pierre aperçoit une nuit de mystérieuses lueurs sous la roche et découvre des sortes de petites créatures incandescentes. La Montagne est une expérience d’un cinéma tendre, comme un long rêve dont on aimerait ne pas se réveiller. C’est également une fable écologique, les chutes de roches provoquées par la fonte de la glace rappellent toujours que le rapport de l’Homme à la nature est profondément malade. 

Comme avec sa précédente réalisation Vincent n’a pas d’écailles, Thomas Salvador propose un cinéma original où l’élément fantastique transforme une tranche de vie en une expérience particulière et précieuse. L’histoire d’amour peut paraître un peu niaise mais c’est bien le seul reproche que l’on peut faire au film. Mention spéciale au design des petites créatures, réalisé avec des marionnettes et non grâce au numérique. Bravo l’artiste !

La Montagne, Thomas Salvador, sortie en salles le 1er février 2023.

Visuel : Affiche officielle du PIFFF. 

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Adam Defalvard

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