
Michèle Morgan, la fin d’un regard légendaire
Michèle Morgan est décédée mardi 20 décembre 2016 à l’âge de 96 ans. La carrière de l’actrice aux « plus beaux yeux du cinéma » avait fait d’elle une icône.
« T’as d’beaux yeux tu sais ». La réplique de Jean Gabin, face à une Michèle Morgan lui répondant de l’embrasser, est devenue culte. Cette scène du Quai des brumes a marqué le cinéma français mais également la carrière de l’actrice, dont la célébrité commence avec ce film de Marcel Carné à la fin des années 30. Elle est devenue une icône du septième art français durant le XXe siècle. Mais « les plus beaux yeux du cinéma se sont fermés définitivement ce matin, le mardi 20 décembre », a annoncé hier mardi 20 décembre la famille de l’actrice.
Aujourd’hui, nous perdons un monument du cinéma français. Michèle Morgan restera un de mes plus grands souvenirs de metteur en scène. pic.twitter.com/paDNuZClc3
— Claude Lelouch (@LelouchOfficiel) 20 décembre 2016
Née à Neuilly-sur-Seine sous le nom de Simone Roussel, Michèle Morgan vit deux années de son adolescence à Dieppe, en Normandie. Elle y fera sa première apparition dans la presse locale, à l’occasion d’une prestation de danse réalisée lors d’un gala au casino de la ville. Mais la jeune fille rêve de cinéma. Au bihebdomadaire local Les Informations Dieppoises, qu’elle avait rencontré en 2008 pour un hors-série « Dieppe et le Cinéma », elle confiait alors : « Mes études ont été à vrai dire plutôt raccourcies, j’avais plus la tête à faire du cinéma qu’à potasser ».
A 15 ans, elle fugue à Paris et fait de la figuration dans Mademoiselle Mozart. Pour la jeune artiste qui adopte le pseudonyme Michèle Morgan, c’est le début d’une longue carrière riche de près de soixante-dix films. On retrouve ses yeux clairs dans La Symphonie pastorale de Jean Delannoy (1946), pour lequel elle reçoit le Prix d’interprétation féminine à Cannes, Napoléon de Sacha Guitry (1955), Landru de Claude Chabrol (1962) ou encore Benjamin, Les mémoires d’un puceau de Michel Deville (1967). Une trajectoire artistique récompensée par le César d’Honneur et le Lion d’Or que l’actrice recevra respectivement en 1992 et en 1996.
La symphonie pastorale 1/6 par edgarette
A partir des années soixante-dix, hormis sa participation à quelques rares films, elle se consacre à la peinture, sa seconde passion. Malgré son éloignement progressif avec le monde du cinéma, Michèle Morgan laisse derrière elle de nombreux fans. Les hommages des personnalités politiques et artistiques ainsi que des médias français affluent depuis l’annonce du décès de celle qui restera connue comme « les plus beaux du cinéma ». Le président de la République François Hollande a notamment salué la mémoire de celle qui « était bien plus qu’un regard, c’était une élégance, une grâce, une légende qui a marqué de nombreuses générations ».
Comme si l’élégance de Michèle #Morgan était devenue incompatible avec l’indélicatesse brutale de ce monde. Au revoir, Madame… pic.twitter.com/PHlsATobHG
— Thomas SOTTO (@ThomasSotto) 20 décembre 2016
visuel : dans RETOUR DE MANIVELLE de Denys de La Patellière (1957) passé en novembre à la filmothèque du quartier latin