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[Live Report] Arras Film Festival Jour 1: La Communauté, Le Client, 24 semaines et Suntan au programme

[Live Report] Arras Film Festival Jour 1: La Communauté, Le Client, 24 semaines et Suntan au programme

07 November 2016 | PAR Hugo Saadi

La 17ème édition du Film Festival d’Arras s’est ouverte le week-end dernier et comme chaque année, Toute la Culture était dans le Nord pour assister au démarrage de l’événement. Les quatre films vus ce dimanche ont tous questionné le couple à travers des prismes différents. Petit tour d’horizon.

La journée a débuté en Allemagne avec 24 semaines, le film de Anne Zohra Berrached. La réalisatrice allemande nous plonge dans le quotidien d’Astrid, une célèbre humoriste enceinte de six mois, qui voit sa vie basculer en apprenant que son fils est atteint de la trisomie 21. A quelques mois du terme de sa grossesse, la jeune femme doit prendre une décision cruciale avec son mari… Le synopsis laissait entrevoir du pathos, heureusement pour nous cela n’en sera pas le cas. Le film est tout en subtilité et, malgré son sujet grave, garde une certaine légèreté grâce à des petites injections d’humour, distillé tout au long du métrage.

La réalisatrice décide de cadrer tout son film au corps, amenant le spectateur au coeur de cette famille qui se morcelle de plus en plus. Chacun a un avis sur la question, mais comme le stipule la loi, la seule décision revient à la mère. Le spectateur découvre au fur et à mesure les réactions de la famille, des amis, de la future grande soeur mais également de l’opinion publique. Le questionnement ne s’arrête pas au cercle privé, Astrid étant une personnalité publique, elle doit composer avec la médiatisation de son cas.

Très émotionnel, le film est porté avec brio par la sublime performance de la mère, Julia Jentsh. 24 semaines traite donc d’un sujet fort avec intelligence et place le couple au premier plan sans édulcorer les tensions qui découlent de cette annonce et de la décision qui sera prise…

[rating=4]

On reste dans la thématique du couple avec le nouveau film de Thomas Vinterberg, le réalisateur de Festen ou encore La Chasse. Avec La Communauté, il garde en ligne de mire son registre favori : la famille. « Une demeure fantastique pour des gens fantastiques », voici comment Anna caractérise la maison que son mari Erik, vient d’hériter de son père. Face aux coûts élevés qui découlent d’une si grande maison, le couple n’a pas d’autre choix que de faire appel à des amis pour venir la peupler. Naît alors une communauté où l’amour et l’amitié vont tenter de cohabiter.

Le réalisateur danois pose sa caméra dans le Copenhague des années 70 et propose pendant près de deux heures, une chronique de cette vie en communauté. Grâce à de multiples personnages, Thomas Vinterberg dépeint une large galerie de portraits, mais se focalisera sur le couple central de la maison, Erik et Anna (sans oublier leur fille de 14 ans). Si la première partie de La Communauté se passe sans accroc, le début de romance d’Erik avec l’une de ses étudiantes sonne la fin de la vie paisible. Dans cette maison, tout se décide par un vote, et au bout de quelques semaines de relation, voilà que débarque Emma, la jolie étudiante aux airs de Brigitte Bardot… Basée sur des idées utopiques de l’époque, cette communauté trouve rapidement ses limites lorsque l’amour s’y mêle et Vinterberg le démontre parfaitement avec son film.

Après 24 semaines, le couple est de nouveau cahuté et se retrouve contraint à des choix cruciaux une fois le dos au mur. Si le nouveau film du réalisateur danois manque de rythme et de profondeur, on ne pourra pas lui reprocher une erreur de casting. Le « trouple », interprété par Trine Dyrholm (Anna), Ulrich Thomsen (Erik) et Helene Reingaard Neumann (Emma) s’entrechoque durant toute la durée du métrage et dégage une énergie permettant au film de se maintenir à flot.

[rating=3]

Après l’Allemagne et le Danemark, il est temps de s’envoler vers l’Iran pour Le Client du talentueux Asghar Farhadi où le couple est à nouveau mis à mal. Prix du scénario au dernier festival de Cannes, le long-métrage suit les difficultés de Emad et Rana, contraints d’abandonner leur appartement qui risque de s’effondrer à tout moment. Ils emménagent dans un nouveau logement, où se déroulera très vite un incident en rapport avec l’ancienne locataire : la jeune femme Rana est victime d’une agression dans sa salle de bain… Son mari, un professeur sans aucun problème part seul à la recherche de l’homme à l’origine de l’agression. Sa propre enquête policière, révèle une nouvelle face de sa personnalité, assoiffé par un désir de vengeance. Après son passage en France avec Le Passé, Farhadi retrouve son Iran natal et offre un film proche de Une Séparation où les secrets resurgissent et les révélations causent de nombreux dégâts. Comme à son habitude, le réalisateur iranien malmène le spectateur dans son jugement et déjoue les pronostics dans un épisode final plein de tension. (Notre critique cannoise)

[rating=4]

Enfin, on a terminé la journée sur une plage grecque en compagnie de Kostis dans le film Suntan de Makis Papadimitriou. Kostis, c’est le médecin de l’île d’Antiparos arrivé pendant l’hiver, une saison morte où tous les habitants attendent la période estivale pour faire marcher leur commerce. D’un tempérament calme et aux allures de gros ours, ce médecin solitaire d’une quarantaine d’années perdra complètement la tête lorsqu’il rencontrera Anna, une jolie fille de 21 ans à l’aise avec son corps, venu dans son cabinet pour soigner une plaie. Il se laissera vite embarquer dans son groupe d’amis où l’alcool coule à flot et les réjouissances ne s’arrêtent jamais.

Dans sa première partie, le film mise sur les soirées et les sessions naturisme pour donner une vitalité au film, mais rapidement Suntan tourne en rond et chaque jour ressemble au précédent. Il faudra attendre la dernière partie pour voir enfin la situation évoluer. Tombé sous le charme d’Anna, Kostis ne veut plus la quitter, son attirance devient obsessionnel et flippante, notamment depuis qu’ils ont couché ensemble sur une plage secrète . Le visage du gentil médecin se métamorphose avec l’alcool et la détresse. Grâce à ce retournement de situation, « Suntan » passe d’un simple film sur le consumérisme et le libertinage de l’été au thriller à la noirceur qui fait froid dans le dos.

[rating=3]

Toutes les informations pratiques sur le festival sont à retrouver sur leur site officiel.

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Hugo Saadi

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