Cinema
Les perles de la Fête du court-métrage

Les perles de la Fête du court-métrage

27 March 2021 | PAR La Rédaction

Du 24 au 30 mars, la Fête du court-métrage vous invite à découvrir 150 films gratuitement. Des projections auront lieu également dans les écoles/collèges/lycées, dans les hôpitaux, les prisons… et dans des endroits parfois atypiques, car chacun peut décider d’organiser une séance. Voici quelques films qui nous ont marqués, y compris celui réalisé par la marraine de cette édition : Noémie Merlant.

Par Yaël Hirsch, Geoffrey Nabavian et Julia Wahl.

Pour voir les films, cela se fait sur simple inscription sur la plate-forme “La Galaxie du court” ici.

Qu’importe si les bêtes meurent, de Sofia Alaoui
La fête du court-métrage est l’occasion de voir ou rattraper le beau film hors genre qui a été césarisé cette année. Pour lire notre critique du film, c’est ici.

Shakira, de Noémie Merlant
Tourné en 2019, sélectionné aux césars et Grand prix au Festival International du Film Indépendant de Bordeaux, Shakira, réalisé par la marraine du festival est le prénom de l’héroïne interprétée par Catalina Danca. La réalisatrice s’est plongée dans l’univers de la communauté Rom. En roumain et avec une image léchée et qui lèche le beau visage de son actrice principale (primée à Cabourg cet été), elle nous raconte l’entrée d’une jeune Rom dans un gang masculin pour sauver sa famille de la rue. Documenté et quasi documentaire, le film est direct et marque par ses acteurs et leur jeunesse. Le petit rôle que Noémie Merlant s’attribue est parfait et surprenant. A découvrir donc…

Maalbek, d’Ismael Joffroy Chandoutis
Sélectionné à la Semaine de la Critique en 2020, Maalbek tourne autour d’une image manquante. Celle de l’évènement qui a fait basculer la vie de Sabine et l’a plongée dans le coma. En suggérantl ‘horreur  par des bruits, des coups de fils, des alarmes et surtout une narration qui est un témoignage : “J’étais dans la rame qui a explosé, mais, quand j’y pense, je me dis que ce n’était pas moi”). Avec des images très travaillées, symboliques et des images d’archives, Maalbek creuse avec brio autour de l’amnésie de son personnage traumatisé. La violence est là, omniprésente et nous sommes saisis et interrogés par elle. Une réalisation forte et terriblement belle avec et malgré son sujet.

Bab Sebta, de Randa Maroufi

Bab Sebta est un film court qui prend pour objet Ceuta, enclave espagnole située au Maroc. En plan-séquence, la caméra de Randa Maroufi observe les silhouettes qui l’habitent : employés administratifs, policiers et personnes pauvres se livrant à du trafic de biens manufacturés, vendus pour très peu cher. Le descriptif du film informe que les images présentent des reconstitutions de scènes observées à Ceuta : en effet, le sol sur lequel ces figures s’activent apparaît légèrement artificiel (façon Dogville, un peu). Pour le reste, tout fait vrai, et cru : la caméra commence son plan-séquence dans le ciel, cadrant au sol des dizaines d’hommes et femmes qui vaquent à leurs occupations, et le rythme auquel l’objectif avance, en plus de produire un effet hypnotique, laisse tout le temps au spectateur pour apprécier et digérer ce qu’il voit, et pour profiter de l’extrême précision des détails, sur lesquels la réalisatrice semble avoir abondamment travaillé. Toutes ces figures sont anonymes, en apparence seulement : on peut les observer à loisir, et se donner la peine d’essayer de les “approcher”, et d’approcher leur vérité. Une voix-off, confiant qu’elle “travaille ici depuis treize ans”, livre anecdotes et détails techniques. Résulte de ce court une impression saisissante, terriblement réaliste.

Je serai parmi les amandiers, de Marie Le Floc’h

Sélectionné aux César 2021 et lauréat du Festival du Film court en plein air de Grenoble (catégories Prix spécial du Jury et Prix du Jury SFCC), Je serai parmi les amandiers semble à première vue nous conter les multiples méandres administratifs auxquels doit faire face une famille syrienne fraîchement immigrée. Mais, les plans rapprochés sur le visage de Maysan, la jeune maman, nous fait comprendre que l’enjeu est aussi intime que politique : son époux souhaite demander le divorce. Une décision lourde de conséquences, alors qu’ils viennent tout juste d’obtenir le statut de réfugiés, et qui tourmente Maysan, magnifiquement interprétée par Masa Zaher. Aussi la caméra filme-t-elle avec douceur et sobriété ce si grave et si douloureux visage.

Happy shiny people, de Mathilde Petit

Un 1984 du bonheur : une obligation de sourire, c’est le malheur que vit Manu, joué avec justesse par Souleymane Sylla. Un malheur, parce que son humeur du moment se prête à tout sauf au sourire : la femme qu’il aime vient de le quitter. Aussi se force-t-il à arborer un sourire de façade dès qu’il sort de chez lui, jusqu’à ce qu’un jour, arrêté après avoir avoué ne pas être heureux, il partage sa cellule avec Lisa (Camille Rutherford), une sorte de dealeuse de la mélancolie. Chansons et livres tristes, elle vend sous le manteau tout ce qui est proscrit. Un film troublant tant ses personnages, qui refoulent en public tout sentiment négatif, paraissent proches de nous. Une invitation à interroger la perpétuelle injonction au bonheur. Happy shiny people fut sélectionné au Festival international de court-métrage de Louvain en 2019 et au Brussels Short Films Festival en 2019 et 2020.

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