Les Œillades au féminin
Pour sa 26e édition, le festival du film francophone Les Œillades met à l’honneur les femmes ! Du 22 au 27 novembre ont été présentés 16 films réalisés par des femmes (sur 29 projections). Le festival a organisé une table ronde nommée « Cinéma au féminin : état des lieux » et les festivaliers ont pu observer 3 expositions autour de cette thématique forte et actuelle.
3 films de réalisatrices à ne pas louper !
Alma Viva de Cristèle Alves Meira – Sortie en salle le 15 mars 2023
Une enfant en vacances chez sa famille portugaise voit mourir sa grand-mère adorée. Cette vieille femme, très croyante, était considérée par beaucoup d’habitants du village comme une sorcière. Elle était tantôt rejetée et haïe à cause de sa différence et de ses sortilèges, tantôt adorée et consultée pour veiller sur les disparus. À sa mort, sa petite-fille est persuadée d’être en contact avec elle. La réalisatrice dresse un portrait intime du Portugal à travers les habitants et cette famille endeuillée, dans le décor familier du village de son père. Ce film est un spectacle de réalisme magique qui interroge sur la force de la croyance et sur ses pouvoirs.
Annie Colère de Blandine Lenoir – Sortie en salle le 30 novembre 2022
Ce film nous apprend à nous révolter avec Annie. Cette femme mariée, mère de deux enfants, ne veut pas d’un troisième. Mais, en février 1974, l’avortement est encore interdit par la loi. Elle se tourne alors vers le MLAC (Mouvement pour la liberté à l’avortement et la contraception), mouvement unique qui milite pour que les femmes soient maîtresses de leur corps. En entrant dans ce groupe, Annie va se découvrir et prendre conscience des inégalités et des injustices de la société. Laure Calamy, dirigée par Blandine Lenoir, nous embarque avec pudeur dans des questionnements différents et forts sur un sujet actuel.
Sous les figues de Erige Sehiri – Sortie en salle le 7 décembre 2022
Erige Sehiri nous invite à découvrir une journée de la vie de cueilleurs, pendant la récolte, dans un champ de figuiers. Dans cette fiction très proche de la réalité, la réalisatrice crée un microcosme de la société tunisienne. C’est pour elle un moyen de montrer l’injustice, la violence, les inégalités et la précarité de son pays, mais aussi sa beauté, sa joie de vivre et sa jeunesse. Ce huis clos doux et puissant à ciel ouvert nous conte des vies, des avis et une société. Le travail est un sujet récurrent dans la carrière de la réalisatrice qui porte une attention particulière aux « gestes poétiques et élégants des mains qui en disent beaucoup sur les gens ».
Table ronde : le cinéma au féminin, état des lieux
Ce débat a réuni quatre femmes travaillant sur ou dans le milieu du cinéma : la réalisatrice Geneviève Albert, la compositrice de musiques de films Béatrice Thiriet, la photographe Mathilde Marc et la journaliste Véronique Le Bris.
Elle a rappelé les chiffres alarmants sur la place des femmes dans ce monde. En France, moins d’un quart des films sont réalisés par des femmes et seulement 6 % des compositeurs de films sont des compositrices. Elles sont, en moyenne, payées 40 % de moins que les hommes, représentent moins de 5 % des techniciens et, lorsqu’elles parviennent à faire un film, touchent des financements moindres. Ce constat français s’applique dans toute l’Europe et aux États-Unis, avec de légères variations. Une exception a tout de même été énoncée lors du débat : le Québec. Il y existe effectivement une parité parfaite entre les réalisateurs et les réalisatrices lié à des quotas imposés par un texte politique écrit par les femmes de l’association Réalisatrices équitables et signé par tous les financeurs.
Cet état des lieux est assez inquiétant quand on se rend compte, en étudiant ces chiffres, qu’ils n’ont pas évolué depuis les années 1980. Le mouvement MeToo, le collectif 50/50 et toutes les prises de conscience de ces dernières années n’ont pas (encore) fait évoluer les choses.
1 festival, 3 expositions
Futures de Mathilde Marc
Cette exposition présente une série de portraits photographiques aux lumières douces et charmantes. Ces images nous parlent des actrices de plus de 50 ans totalement invisibles dans le cinéma aujourd’hui. Dans une recherche d’intemporalité, Mathilde Marc a créé une unité par les fonds noirs. Elle a fait appel à des créateurs et des maquilleurs pour mettre en avant et magnifier ses modèles. Sans aucune retouche, ces images nous montrent des femmes qui se trouvent belles et s’assument face à un univers professionnel qui les rejette.
Les femmes s’emparent du Cinéma – Arte
Cette exposition présente 18 réalisatrices associées à un de leur films. Elle commence évidemment par La Fée aux choux, première fiction de l’histoire du cinéma réalisée par Alice Guy. On retrouve aussi Agnès Varda avec Chloé de 5 à 7 ou encore Place Vendôme pour Nicole Garcia. Dès sa naissance, l’histoire du cinéma est aussi féminine, or ces réalisatrices ont souvent été effacées. Cette exposition nous rappelle leurs apports et leur importance.
Les Œillades au féminin – Ciné Forum
Une exposition photographique émouvante qui retrace le passage de différentes femmes du monde du cinéma au festival des Œillades. Effectivement, depuis 26 ans que le festival existe, de nombreuses actrices, réalisatrices, scénaristes, productrices, etc. ont participé au festival.
Visuels : Couverture : affiche des Œillades – Images de l’article : © Mathilde Marc
