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Les enfants des autres : la simplicité de la tendresse

Les enfants des autres : la simplicité de la tendresse

21 September 2022 | PAR Rachel Rudloff

Pour son nouveau film, Rebecca Zlotowski signe une comédie romantique d’un nouveau genre, pleine de tendresse. Un film doux et puissant, qui nous propose de faire famille autrement. 

 

Moderniser la romance classique

De l’ouverture sur un drame des années 20 en noir et blanc, aux transitions en iris récurrentes en passant par une musique de générique de fin empruntée à Julie en 12 chapitres : Les enfants des autres assume ses références et s’en sert. Fort de chacun de ces emprunts, le film trace sur fond de comédie romantique classique un nouveau genre, moderne et contemporain. 

Virginie Efira, toujours aussi élégante, incarne la normalité et la classe à la fois. Ici, elle nous livre une performance intime, tendre et toujours juste dans le rôle d’une belle-mère qui ne parvient pas à trouver sa place entre deux parents “biologiques” récemment divorcés. Si l’histoire d’amour paraît à première vue banale, Rebecca Zlotowski innove : la famille nucléaire n’est plus idéalisée, et dans un mouvement moderne elle dresse un portrait sensible du quotidien de familles recomposées, reflet de beaucoup de ménages en France. 

Finalement, la réalisatrice tend à repenser la maternité de manière plus globale et toutes les formes de famille aujourd’hui : de la maternité solitaire (choisie) de la sœur à l’absence d’enfants biologiques chez la protagoniste, le processus est montré comme une “expérience collective” sans jamais essentialiser les femmes et les réduire à cette maternité. Les liens maternels se déploient d’ailleurs en dehors de cette famille nucléaire : les enfants des autres, c’est la fille d’Ali, mais ce sont aussi certains élèves de Rachel (prof dans un collège), le bébé de sa sœur, et ceux qui continueront à parcourir sa vie.  

 

Female Gaze et sensualité

Mais Rebecca Zlotowski ne dresse pas seulement un portrait neuf de la famille, mais propose aussi de décentrer son regard du point de vue masculin pour proposer un nouveau regard sur les relations amoureuses et sur le désir. 

L’histoire d’amour entre Rachel (Virginie Efira) et Ali (Roschdy Zem) a tout de traditionnelle mais en plus égalitaire : c’est autant Rachel qui le regarde sous la douche, c’est elle qui conduit, qui prend les devants… En filmant les corps avec une nouvelle sensualité, Rebecca Zlotowski réinvente le plaisir, la sexualité et propose une nouvelle manière de filmer les corps. 

Mais, Les enfants des autres est aussi l’occasion d’avoir une représentation d’une relation saine, où chacun est libre de s’exprimer, d’être écouté. Cela paraît presque trop beau et pourtant on y croit, parce que ça fait du bien de voir à l’écran une relation qui marche -aussi dans ses limites- et des personnages jamais réduits à leurs liens affectifs. 

 

Visuel : affiche officielle du film.

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Rachel Rudloff

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