Le drôle de noël de Scrooge: Zemeckis et Carrey revisitent Dickens
Cinq ans après Le Pole express, Robert Zemeckis nous offre une nouvelle relecture d’un conte de Noel. Basé sur l’œuvre de Dickens, le drôle de noël de Scrooge est un projet très riche qui échoue cependant à toucher son public.
Symbole du cinéma des années 1980 avec son collègue Spielberg, Zemeckis s’est depuis quelques années tourné vers une technologie du nouveau millénaire à laquelle (seul) il croit dur comme fer. La « motion capture » permet de filmer les expressions et les gestes d’acteurs réels pour les insérer ensuite dans un film d’animation. Le rendu ne cesse de progresser depuis le Pole express et atteint ici sa maturité, gommant les principaux défauts des précédents films utilisant la même technique.
Avant tout, et en attendant la révolution annoncée du prochain James Cameron (Avatar), Le noël de Scrooge est une véritable prouesse technique qui offre un spectacle visuellement époustouflant. L’animation de certains visages reste encore un peu trop figée mais il est difficile de rester insensible aux performances de Jim Carrey qui apporte une humanité déconcertante aux multiples personnages qu’il incarne. Le procédé offre aussi une liberté décuplée dans les scènes de poursuite au milieu de décors qui propulsent le spectateur dans le Londres populaire du 19ème siècle. Véritable régal pour les yeux, Scrooge affiche aussi sa volonté de proposer une histoire plus profonde que le traditionnel Disney de noël.
Le personnage de Scrooge est un vieux ronchon grippe-sou qui déteste le monde dans lequel il vit, aigri par une vie solitaire qu’il subit. Trois esprits vont venir le rencontrer lors d’une veillée de noël pour lui faire comprendre où ses erreurs passées vont le mener. Naviguant entre les noëls passés, présents et futurs, le film dresse le portrait d’un homme blessé, enfermé dans sa misanthropie, qui va finalement s’adoucir et comprendre l’esprit de noël. Si le schéma de la rédemption s’avère classique, la noirceur du traitement surprend beaucoup plus. Les décors sombres des bas-fonds londoniens, et la course contre la montre avec la mort vont peut être effrayer les enfants venus rire aux mimiques de Jim Carrey.
Le relatif échec du film vient de sa difficulté à cerner son public. Vendu par les trailers comme une comédie avec Jim Carrey, Scrooge est plutôt un conte moral assez sérieux autour de la rédemption d’un homme. Trop anglais dans les traditions et les décors qu’il reprend, trop américain dans le portrait d’une résurrection par l’esprit chrétien de noël, et trop sombre pour les enfants, Scrooge ne va finalement pas satisfaire grand monde. Le sentiment est donc mitigé : la caméra toujours en mouvement qui offre des plans merveilleux ne compense pas une histoire qui n’arrive jamais à embarquer son public.
Le drôle de noël de Scrooge, sortie le 25 novembre
Gilles Hérail
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