Cinema
La série “The Nest” en DVD : la quête, fine et sobre, d’un jeune homo à Porto Alegre

La série “The Nest” en DVD : la quête, fine et sobre, d’un jeune homo à Porto Alegre

27 September 2017 | PAR Geoffrey Nabavian

En s’en tenant à une approche d’une grande sobriété, les deux créateurs de cette série brésilienne proposent un voyage prenant.

Sobre, et du même coup légèrement lyrique, et hantée : ainsi apparaît la série The Nest, au terme du visionnage de ses quatre épisodes de 24 minutes chacun. Elle suit le jeune Bruno, militaire qui apprécie peu sa formation, à la recherche de son frère Leo, disparu depuis très longtemps. Et les situations que traverse ce personnage sont simples, peintes à base de scènes dialoguées jouées de façon juste et touchante. En faisant confiance à leurs très bons interprètes, les créateurs savent faire émerger tristesse, inquiétude, et envie, devant nos yeux curieux. Sans grandes effusions. Et en nous transmettant une part de la substance de leur décor, à savoir la ville de Porto Alegre, au Brésil.

Lorsque, dans le troisième épisode, Bruno se rend, avec Stella, barmaid qui l’aide un peu dans sa quête, dans une maison dédiée à la fête, qu’affectionnait son frère, le décor qu’ils découvrent est déserté. Le jeune héros avoue qu’il aurait aimé connaître ces instants de fête-là, donc partir à la recherche de Leo plus tôt. Stella commence alors une danse avec lui, dans le jardin. Moment simple, et touchant. Où les fantômes du film se manifestent, en nous. Et lorsque les deux créateurs de The Nest, qui sont aussi ses réalisateurs, suivent leurs protagonistes dans les rues de Porto Alegre, ils montrent, plus que les immeubles contemporains, plus que les lieux touristiques ou historiques, ou les endroits dédiés à l’ivresse, davantage, ils montrent les murs de la ville. Le béton des rues. Les hôtels peu chers. La géographie au sein de laquelle évolue la communauté homo et lesbienne de cette ville. On découvrira, au sein du bonus présent sur le DVD édité par Outplay, sorti le 28 avril 2017 – une interview de Filipe Matzembacher et Marcio Reolon, réalisateurs – que la bande de jeunes rencontrés par Bruno à l’entrée du club Chez Marlene, dans le premier épisode, est constituée par des acteurs non professionnels. Tous, au final, très justes, dans leurs propres rôles. Très sobres. Et parfois mis au cœur de scènes où ils réagissent face à l’homophobie, à leur façon, avec vivacité, mais sans trop en faire. Et sans que ceux qui les filment s’y prennent avec trop de lyrisme, préférant les capter à une hauteur très bien pensée…

On aime aussi le mystère, pas souligné à outrance, qui habite le scénario, et fait son prix. Si la thématique n’apparaîtra pas totalement nouvelle, au final, les ressorts du scénario, infimes, font que l’on reste accroché, que cette création se distingue parmi toutes les séries à voir. Et le rythme, pas précipité, empli d’envie de laisser regarder plus que de montrer, sait s’imprimer en nous. Précis, sans être trop léché, l’aspect de l’image offert par l’édition DVD rend justice à leur fond, touchant mais sobre aussi. Et le bonus, en forme d’entretien avec Filipe Matzembacher et Marcio Reolon,  signataires en 2016 du film Beira-Mar ou l’Âge des premières fois, apporte ses petites lumières, faisant de lui un complément discrètement essentiel. The Nest se révèle au final un voyage aux personnages attachants, vers une famille que le héros se choisira. Thématique traitée ici avec finesse, dans un cadre qu’on est heureux de découvrir.

The Nest, une série en quatre épisodes de 24 minutes chacun, créée et réalisée par Filipe Matzembacher et Marcio Reolon. Avec Nicolas Vargas, Sophia Starosta… Origine : Brésil. A découvrir, également, en ce moment : le top des séries les plus appréciées sur Cinetrafic .

Visuels : © Outplay

“Go Fish” en DVD : le film culte et plaisant de la créatrice de The L Word est revenu
Succès plus que mitigé pour le pass culture en Italie
Avatar photo
Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration