Cinema

La journée de la jupe : retour sur le « malaise »

18 May 2009 | PAR Gilles Herail

journée de la jupeMalgré Adjani, une controverse, et une bonne audience sur Arte, la journée de la jupe a été boudée par les multiplexes. (Cela ne se fait pas de outrepasser les réseaux de distribution). Boycott contre une œuvre polémique ou rejet d’un film raté ? Le film est finalement sorti chez les indépendants où il rencontre un succès d’estime. Retour sur ce brûlot qui provoque et décrit le « malaise » afin de savoir s’il faut aller le voir tant qu’il est en salle.

Comme un certain “entre les murs”, le film se veut réaliste pour décrire le quotidien des collèges « difficiles ». Excepté un méchant un peu trop méchant, les élèves, tous amateurs, jouent très juste. Le parallèle avec Laurent Cantet s’arrête là : le film fait en effet tout pour décrocher son label « anti-entre les murs ».

Isabelle Adjani incarne avec (trop de) conviction une prof à bout de nerfs qui prend en otage ses élèves. Le visage bouffi, elle crie, hurle, et surjoue : durant les 2/3 de la projection, son personnage est extrêmement caricatural. Au fil de ses répliques, d’une ironie mordante et politiquement incorrecte, tous les enjeux de l’éducation sont abordés : pédagogie, respect, et surtout laïcité et sexisme. Adjani nous inflige de manière brutale un condensé d’éducation civique au vitriol.

Retour de l’autorité, intransigeance devant l’Islam, association entre banlieues et tournantes : le film va loin dans l’accumulation des fausses évidences. Il condamne les profs à la Bégodeau qui auraient « cédé » : ils ne sont ici que des baba cools niais et permissifs. La charge politique est donc au mieux maladroite, parfois franchement réactionnaire. Le film traduit plus finement le malaise : malaise de ces profs dépassés, malaise d’élèves qui subissent la loi du plus fort, malaise d’une génération issue de l’immigration qui se cherche.

Malheureusement, le réalisateur s’éternise sur la gestion policière de la prise d’otage et un personnage de flic qui n’ajoute rien. On préfère les scènes entre Adjani et sa classe d’une intensité redoutable. Mieux, quand Adjani perd la main et que la prise d’otage est renversée, le film recommence à surprendre. Malgré les incohérences du scénario, l’évolution de la relation entre la prof et ses «otages» nous interroge.

La journée de la jupe continue sa carrière dans 40 salles où le public est souvent divisé, parfois mal à l’aise, jamais indifférent. Reste une œuvre imparfaite, trop appuyée et manquant de maitrise. Son principal mérite est de filmer le malaise des élèves et des profs, et d’oser un discours alternatif sur les ZEP. Est-ce suffisant pour aller voir le film ? Ma réponse serait, hélas, plutôt non.

Gilles Hérail

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