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Habibi, une histoire d’amour impossible à Gaza,  sera présenté au Panorama des Cinémas du Maghreb

Habibi, une histoire d’amour impossible à Gaza, sera présenté au Panorama des Cinémas du Maghreb

20 April 2012 | PAR Yaël Hirsch

Prix du meilleur long métrage arabe au Festival de Dubaï 2011 et premier long métrage de fiction tourné à Gaza depuis plus de 15 ans, “Habibi” transpose un poème arabe du 7e siècle, “Fou de Layla”. Un film qui assume aussi bien certains clichés que l’originalité de sa vision de Gaza.

“Habibi” sera projeté à l’Écran de Saint-Denis, dans le cadre du 7e Panorama du Maghreb et du Moyen Orient le 11 mai à 21h.Vous pouvez gagner vos pass pour le festival en jouant à notre jeu-concours.

Qaïs et Layla se sont connus alors qu’ils étudiaient en Cisjordanie, lui la littérature, elle, pour devenir ingénieur. Mais Israël retire à Layla son visa avant sa dernière année d’étude. Elle rentre à Gaza, à la maison, où ses parents et son frère l’accueillent avec amour. De son côté, Qaïs,qui vient d’un milieu plus modeste que celui de Layla, arrête ses études pour travailler dans un chantier, également à Gaza. Il espère amasser assez d’argent pour pouvoir demander la main de sa bien aimée. En attendant, il couvre les murs de Gaza de poèmes qui portent son nom. Mais l’atmosphère a bien changé du côté de la famille de Layla: si son père avait été le premier à l’encourager à faire des études, il semble s’être désormais plié à l’idée générale : Layla ne peut être heureuse que dans un mariage avec un homme de bonne situation. Elle est obligée de voir le meilleur parti qui a demandé sa main, un étudiant en médecine assez gros et chauve et surtout vulgaire, qui entraîne la mort du meilleur ami du frère de Layla en baladant la famille dans sa voiture clinquante.  Cet évènement plonge le frère de Layla dans une grande douleur qu’il va soigner à la Mosquée. Il rejoint alors le Hamas, enferme sa sœur à la maison et rêve d’être un martyre. C’est sur ces faits que Qaïs se décide, sans un sou, et toujours avec une passion aussi fleurie que ses cheveux bouclés, à faire sa demande au père de Layla. Qui l’envoie au diable… Comment les amoureux vont-ils pouvoir vivre ensemble ?

Premier long métrage correspondant à 10 ans de travail d’une jeune réalisatrice originaire de Palestine, grandie à New-York et venue filmer Gaza comme on l’a rarement vu, “Habibi” est à la fois flamboyant, irrésistible et à temps excessif. Susan Youssef n’hésite pas à surligner d’une citation ou d’une image dramatique le thème classique de Romeo et Juliette. Et, surtout au début du film, on se croit dans une parodie de Nouvelle vague, tant l’acte d’écrire de la poésie est commenté, glorifié. Mais le méta-discours s’estompe heureusement vite et l’on entre dans l’action : le désir d’être ensemble contrarié des amoureux. Le message politique frappe également fort : la poésie arabe d’Al farabi à Mahmoud Darwich glorifie la nation palestinienne.  L’occupation est là, directement montrée par le retrait soudain et injuste du visa de l’étudiante et surtout par une balle israélienne tirée sans raison sur le jeune et innocent meilleur ami du frère. Et “Habibi” fustige avec autant de hargne l’extrémisme religieux de certains palestiniens engagés auprès du Hamas que l’occupant israélien. L’endoctrinement du frère de l’héroïne paraît aussi “obscurantiste” dans ce film que dans la très française et pro-laïque désintégration de Philippe faucon, “voir notre critique”.

Tout feu, tout flamme, emportée par ses personnages et surtout le décor dans lequel ils évoluent, la réalisatrice avance que son film n’est PAS politique. Et en effet, même si une histoire d’amour impossible à Gaza évoque nécessairement à chaque plan, de lourdes questions politiques, la grande force de “Habibi” est de passer au-delà de ces préoccupations. L’œuvre puissante présente avant tout la force de désir et de vie de jeunes dont les études, les sentiments et la liberté sont sacrifiés. Malgré tout ce qui se met dans leur chemin, Layla et Qaïs renouent avec la longue et noble tradition de cette “tricherie salutaire” qu’est la poésie. Malgré les veto, les vexations, le dénuement et la séparation, ils réinventent la beauté de l’amour.

Habibi (“Habibi rasak kharban”) de Susan Youssef, avec Maisa Abd Elhadi, Kais Nashif, Yosef Abu Wardeh, Palestine, EAU, USA, Pays-Bas, 2011, 1h18.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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