Cinema

Guerre et paix, un cinéma total pour une oeuvre littéraire grandiose

04 October 2011 | PAR Coline Crance

 L’adaption de l’oeuvre majeure de Tolstoï Guerre et Paix par Sergueï Bondartchouk ressort aux éditions montparnasse le 5 octobre 2011.  Ce film monumental est le plus cher de l’histoire du cinéma. Il a rassemblé plus de 120 000 figurants pour les besoins d’une simple scène de bataille et a été tourné en plus de cinq ans. Le bugdet s’élève à plus de 100 000 000 dollars de l’époque soit  700 000 000 dollars aujourd’hui. Un monument à découvrir dans la collection Montparnasse Classiques.

 

Cette œuvre cinématographique monumentale dont la durée totale est de six heure quarante-deux, est construit en quatre partie au contraire du livre qui se déroule autour de trois moments clés : la guerre de de la troisième coalition (1805), la paix de Tilsit (1807) et la campagne de 1812 avec la fameuse bataille de la Moskova, véritable carnage épique. Pour exploiter toutes les richesses de ce chef d’œuvre, Sergueï Bondartchouk choisit au contraire de se concentrer sur trois des personnages principaux. Construit en quatre parties, André Bolkonski, Natacha Rostova, 1812 et Pierre Bezoukhov, le film aborde tous les thèmes récurrents chez Tolstoï qui donnent à cette œuvre son caractère grandiose et atemporel : analyses psychologiques, éthiques, esthétiques, métaphysiques, géopolitiques, historiques. Par l’audace de sa forme, la richesse des thèmes abordés et la complexité de son adaptation littéraire, ce film constitue une véritable somme du langage cinématographique du XX eme siècle. Bondartchouk filme des scènes de batailles les plus longues jamais vues auparavant au cinéma. Jamais à court d’idées, il n’hésite pas, par soucis de réalisme, à exécuter des chevaux pour les besoins du tournages.
Par ailleurs, Bondartchouk pour tourner son film, révolutionne la technique cinématographique. En effet, les scènes d’actions rapides ne pouvent concorder avec la lourdeur d’une caméra 70mm. Pour palier cet handicap, une caméra spéciale est conçue. Elle correspond à la caméra Bolex , l’équivalent américaine de l’époque. ( Cet appareil peut être vu dans les bonus du DVD).
De plus, le cinéaste à la manière de Tolstoï se met en scène et incarne leur personnage miroir à la fois pour l’écrivain et pour le cinéaste, Pierre Bouzoukhov. Ainsi Bondartchouk arrive à capter à travers sa caméra, les non-dits propres à l’écriture de Tolstoï et tout le paysage de la société russe du 19e siècle. Le langage cinématographique fait corps avec l’écriture et livre un film complexe que ne fait pas défaut à l’œuvre originale. Chaque image est le pendant de l’écriture et de la réflexion de l’écrivain qui voit à la fin de ce siècle se dégrader cette âme russe et l’empire tsarisme. La pureté de certaines scènes contredises le baroque de certaines autres pour livrer un film qui se regarde lui-même et qui observe cette société en dérive et totalitaire propre à la fin du 19e et au milieu du 20e. Un regard de cinéaste mégalomane mais ambitieux et génial qui croise celui de l’un des plus grands écrivains russes.

Disponible le 5 octobre en coffret DVD aux éditions montparnasse, durée : 6h44. En complément : plus d’une heure de films et d’archives rares sur Léon Tolstoï, Sergueï Bondartchouk et les coulisses du tournage.

Infos pratiques

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Coline Crance

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