Cinema
Festival de Deauville : nos coups de cœur et quelques pronostics

Festival de Deauville : nos coups de cœur et quelques pronostics

07 September 2013 | PAR Olivia Leboyer

 

Les 14 films en compétition ont été présentés, et Deauville attend avec impatience le verdict du Président Vincent Lindon et de son équipe ministérielle.

Le jeu des pronostics est toujours hasardeux, surtout pour qui n’a pas vu tous les films ! Nous en avons vu près des trois quarts, mais pas “Short Term 12” de l’hawaïen Destin Cretton, film le plus acclamé dans l’auditorium Michel d’Ornano. Assurément, “Short Term 12” devrait remporter le Prix du public, créé cette année. Aujourd’hui, réactions vives et contrastées lors de la projection du sanglant “We are what we” are de Jim Mickle, qui a choqué ou enthousiasmé. Pour le Grand Prix, impossible de se prononcer, évidemment.
Vincent Lindon, Hélène Fillières, Rebecca Zlotowski, Lou Doillon, Famke Janssen, Bruno Nuytten, Jean Echenoz, Pierre Lescure, Xavier Giannoli auront le privilège du choix. Et du goût, ils en ont. Les 14 films sont quasiment tous des films engagés, livrant une vision assez sombre de la société américaine. Beaucoup de jeunes adolescents, à la dérive ou confrontés à des choix capitaux (“The Retrieval”, “Blue Caprice”, “Stand out of the closing door”, “Short Term 12”). Comme dans le récent et superbe Mud de Jeff Nichols (primé à Deauville il y a deux ans pour “Take Shelter”), il a souvent été question de filiations, fantasmées, manquées ou réussies (en particulier dans “The Retrieval”).

Plusieurs visages d’adolescents assez mutiques, le regard fixé sur leur console de jeux, ou tendu, plein d’espoir, vers un adulte admiré. Et puis un visage sublime, toujours sublime, celui de Robert Redford, scruté pendant près de deux heures par J.C. Chandor. Le visage de tout un cinéma américain (chez Sydney Pollack, chez Arthur Penn, et chez lui dans ses films bouleversants sur la nature), le visage de l’Homme idéal, et tellement humain, humble et tout petit face à l’Océan : un visage inoubliable, de vieil homme accompli, que l’on ne se lasse pas de contempler. Devant All is lost, nous ne regardons pas seulement un film mais tout un mythe : la confrontation de la nature et du cinéma.

Coups de cœur, donc, vous l’aurez compris, pour “All is lost” avec Robert Redford. Mais aussi pour “Fruitvale Station” de Ryan Coogler, déjà auréolé de plusieurs Prix, pour le moderne et poétique “Blue Ruin” de Jérémy Saulnier, pour le crépusculaire et superbe “The Retrieval” de Chris Eska (et nous nous rattraperons pour “Short Term 12”). Coup de cœur également pour “Night Moves” de Kelly Reichardt, un beau film vert et noir, de ces films importants et inconfortables qui demandent du temps pour décanter.

Mais nous sommes suspendus aux lèvres du Président Lindon (à peine deux lettres de différence avec Lincoln), pour un discours aussi beau et novateur qu’en ouverture du Festival !

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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