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[Festival Biarritz Amérique latine]”Maquinaria Panamericana”, chronique d’une mort d’usine annoncée

[Festival Biarritz Amérique latine]”Maquinaria Panamericana”, chronique d’une mort d’usine annoncée

30 September 2016 | PAR Olivia Leboyer

MAQUINARIA-PANAMERICANA

Le film mexicain de la compétition ne manque pas d’ambition : Joaquin del Pasco filme une usine, personnage à part entière, sur le point de disparaître. Puissant, organique, presque élégiaque, Maquinaria Panamericana s’interroge sur la condition humaine avec sensibilité.

[rating=3]

Le film s’ouvre sur une vie d’usine presque riante : pour le milliardaire excentrique qui la dirige, la fabrique est devenue comme une famille. Seulement, un jour, il meurt à son bureau. En faillite, l’usine était maintenue à flot de sa poche, caprice personnel. A présent, de quoi demain sera-t-il fait pour les ouvriers ? Orphelins, ils optent d’abord pour le déni, cachant le corps et poursuivant le travail comme avant. Puis, étape après étape, le deuil fait son chemin.

On pense à la belle chanson de Bernard Lavilliers (amoureux de l’Amérique latine et membre du jury Biarritz 2015), Les mains d’or : « J’voudrais travailler encore/Travailler encore/Forger l’acier rouge/Avec mes mains d’or », ou à certains films de Julien Duvivier. Mais Joaquin del Pasco recourt à un humour noir, assez distancié, qui tient le film sur un fil assez théorique. L’usine-organisme vivant, les risques d’endogamie, l’identification de l’homme à sa fonction, sont brossés avec intelligence, mais d’un trait un peu convenu.

Sur un thème proche, le lien organique de l’homme à un travail mortifère, nous avions préféré Grand Central de Rebecca Zlotowski. Mais certaines scènes, des photos de l’usine accompagnées d’une musique douce et triste, sont marquantes.

Maquinaria Panamericana, de Joaquin del Pasco, Mexique, 88 min, avec Ramiro Orozco, Delfino Lopez, Javier Zaragoza. Festival Biarritz Amérique latine 2016. En compétition.

visuels: affiche, photo officielles.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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