Cinema
Fabien Onteniente réclame des états généraux de la comédie française

Fabien Onteniente réclame des états généraux de la comédie française

15 March 2013 | PAR Yohann Marchand

Cette semaine Fabien Onteniente s’est senti l’âme d’un chevalier blanc au micro de France Info, tel un représentant officiel de l’humour populaire. Car la France va mal. Ou plutôt la comédie française au cinéma.

Turf, sa dernière comédie sur le milieu hippique s’est plantée au box-office. Un flop à hauteur de 400.000 entrées, malgré son casting trois étoiles composé d’Alain Chabat, Edouard Baer, Gérard Depardieu. «Il faut se mettre à la place du public pour qui une place de cinéma n’est pas tout à fait donnée. Donc pour se déplacer il faut que la proposition soit tout à fait nouvelle et je pense que le public subit une érosion d’un certain type de narration.» Mais de quel type de narration parle Fabien Onteniente ? Lui qui est considéré par la presse dite élitiste comme «le Mal incarné» dans le cinéma français. Au point qu’il en vient aux mains avec un journaliste de Technikart pour défendre son honneur bafoué et réfuter cette image «de gros lourd ringard obsédé par le fric». Un mépris médiatique dû au fait que Fabien Onteniente s’est auto-proclamé cinéaste populaire.

Une étiquette qui sous entend que la haine de ses détracteurs équivaut à insulter «la France d’en bas». A cracher à la figure de cette classe populaire qui raffole de ce soit disant humour franchouillard. Est-ce un crime d’aller au cinéma juste pour se détendre ? Faire rire est-ce une tare culturelle ? Certainement pas. Fabien Onteniente se trompe de combat en mettant à dos public familial et adepte d’une exception culturelle à la Godard. 15 ans qu’il nous gratifie d’oeuvres divertissantes, riches en blagues, pauvres en teneur cinématographique. Des succès certes respectables, mais qui avilissent la frontière entre télé-film et film, car produit par et pour la TV.

«Il faut se mettre à la place du public qui a la possibilité d’avoir la VOD», de trouver mieux chez soi que sur grand écran. Trop nombre de productions cinématographiques françaises sont aujourd’hui formatées pour leur diffusion en TV. Avec comme prérogative de plaire au plus grand nombre afin de satisfaire un plus grand nombre d’annonceurs. D’où cette désagréable impression que nos productions sont désuètes face à l’industrie américaine qui parvient elle à allier business et show. «Ainsi pour faire déplacer le public au cinéma, il faut que la proposition soit totalement nouvelle». Une sainte parole qui explique les flops consécutifs au box-office de Mais Qui a re-tué Pamela Rose et de Pas très normales activités, tous deux ayant séduit moins de 300.000 amoureux de comédie française. Faute d’une absence totale d’originalité autant dans leur traitement visuel que par une approche consensuelle. Quand un film ressemble à un télé-film, on est en droit de se sentir flouer.

Le plus troublant dans cet appel au secours est que Fabien Onteniente ne se remet jamais en question. «J’ai toujours rebondi. Quand j’ai fait Jet-set 2 qui a été un échec, je me suis posé des questions et suis revenu avec Camping». En effet, il y a de quoi être fier si on délaisse la créativité au profit d’une logique commerciale tout aussi populaire que ce dicton : «C’est le roquefort qui dit au camembert qu’il pue». Mais le rejet de Turf a changé la donne. Le public ne semble plus aussi naïf.

Rire au cinéma est un plaisir, mais prendre le spectateur pour un imbécile moins. A Fabien Onteniente d’en prendre conscience au lieu de critiquer un système de financement dont il a usé pour attendrir la célèbre ménagère, et à qui il doit sa renommée passée. «Pour moi certains producteurs sont comme des coursiers. Ils vont à la chaîne de télé, ils reviennent et l’implication dans le film s’arrête là.» Que dire alors de son implication créative, du respect qu’il porte à son public ? Au vu de son palmarès «populaire» – Jet Set, 3 zéros, Camping, Disco – Fabien Onteniente mérite amplement la légion d’honneur de l’arroseur-arrosé.

L’échec de Turf est un avertissement. Une révolution populaire couve dans nos salles obscures. Aucun états généraux ne pourra y remédier, seule compte la parole du spectateur. Un référendum est donc nécessaire. Êtes- vous pour ou contre un renouveau de la comédie française ?

 

Visuel : photo officielle du film Turf (c) Alain Guizard / Daniel Angeli / Pathé.

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Yohann Marchand

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