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Sortie DVD : Onze Fioretti de François d’Assise

17 November 2008 | PAR loic

Ressortie exceptionnelle du chef-d’oeuvre de Roberto Rossellini ! Cette édition DVD est l’occasion de (re)découvrir ce film, légèrement éclipsé par l’immense renommée de la trilogie sur la guerre (Rome, ville ouverte, Allemagne, année zéro, Paisa). La grâce et l’innocence y sont filmées avec la plus grande simplicité. Analyse.

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Les Onze Fioretti démarre avec une superbe séquence pluvieuse : Saint-François, accompagné de ses disciples, revient de Rome où sa communauté vient d’être reconnue par le Pape. Ce que décide de filmer Rossellini, c’est une période d’ascétisme, de retrait et de quête de la religiosité la plus pure. Aussi, l’intrigue, découpée en courts épisodes, se déroulera entièrement dans une campagne perdue, où les moines vivront  surtout à l’air libre. On est loin, ici, des actes héroïques de Rome, ville ouverte et de l’ambiance quasi-mystique de Stromboli.

En effet, ce sont les hommes les plus simples du monde que Rossellini a souhaité filmer. Si Saint-François se distingue de ses comparses par un visage charismatique, tous les moines sont pareillement dénués de singularité, ou presque. Pour mettre en images la foi de ses personnages, le cinéaste italien commence à révéler leur innocence. Que dire de cette innocence, si importante dans ce film ? L’innocence est surtout incarnée par un personnage secondaire, Ginepro, moine simplet mais qui met tout en oeuvre pour accomplir le bien et améliorer les conditions de vie de ses camarades. Ginepro, dans le film, accomplit davantage d’actes « religieux » que Saint-François, qui, lui, se contente de juger, d’approuver, et de récompenser. Saint-François n’est donc pas réellement le personnage principal du film, car il passe, à certains moments, au second plan en devenant un aboutissement moral, plus un idéal à attendre qu’un véritable “acteur”.

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La mise en scène, à l’image du mode de vie monacal, est épurée. Privilégiant les plans larges et les plans d’ensemble, elle montre de la manière la plus simple possible la relation entre les moines et le divin (le ciel). D’où, cette séquence absolument magnifique où Saint-François croise un lépreux, tâche de l’arrêter et de le prendre dans ses bras. Mais rien n’y fait, le lépreux continue sa marche à travers la campagne désertique. Saint-François s’écroule, accablé par son impuissance. Rossellini exécute alors un simple panoramique de bas en haut : on voit Saint-François dans l’herbe, puis le ciel apparaît, gris et lourd. L’évidence de ce plan, aussi bien au niveau de la signification que de sa construction, fait penser à John Ford (l’évidence et la simplicité seraient-elles la marque des plus grands maîtres ?) Cette oeuvre n’est pas prête de s’appauvrir.

L’édition : Carlotta propose au spectateur une courte introduction par Rossellini lui-même où il explique la difficile réception du film (échec dans les salles). Mais le réel intérêt de cette édition DVD, c’est l’analyse pertinente qu’en fait Alain Bergala. Resituant Les Onze Fioretti de François d’Assise au sein de l’oeuvre de Rossellini, son étude de 26 minutes met en évidence les thèmes principaux et la profondeur des choix esthétiques.

L. Barché

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