DVD-VOD
Coffret Mike De Leon chez Carlotta Films : En huit films, portrait d’un cinéaste philippin

Coffret Mike De Leon chez Carlotta Films : En huit films, portrait d’un cinéaste philippin

24 May 2023 | PAR Julien Coquet

En huit films, Carlotta rend hommage à l’un des plus importants cinéastes philippins, dont la carrière est marquée par la richesse des genres travaillés.

Mike De Leon est, comme on le dit aujourd’hui, un « nepo baby », autrement dit, un « fils de », pur produit de la reproduction des élites. Fils du producteur Manuel De Leon et petit-fils de la directrice des studios LVN (un des studios de production les plus prestigieux des Philippines), Mike De Leon commence sa carrière dans les années 1970. En 1975, il produit et assure la photo d’un des chefs-d’œuvre du cinéma philippin, Manille, de Lino Brocka. Réalisateur de dix films et de quelques courts-métrages, Mike De Leon est une figure importante du cinéma philippin, cinéma assez peu connu ici si ce n’est par quelques noms qui ressortent, bien souvent importés en France grâce au Festival de Cannes (Lino Brocka, Lav Diaz, Brillante Mendoza…).

Carlotta Films rend justice en huit films à ce cinéaste en éditant Itim (1976), C’était un rêve (1977), Kakabakaba Ka Ba ? (1980), Kisapmata (1981), Batch ’81 (1982), Le Paradis ne se partage pas (1985), Héros du Tiers-Monde (1999) et Citizen Jake (2018). Ces huit films, selon Charles Tesson qui dresse un portrait passionnant de l’homme dans un livret, représente bien le cinéma des Philippines : « cette implication forte dans un cinéma populaire, produit avec peu de moyens, en assumant parfois un côté série Z, entre film d’action bricolé sur fond de satire ou de parodie ou roman photo sentimental, tout en étant personnel et susceptible d’intéresser un public international, est la caractéristique du cinéma philippin. »

Si deux périodes sont à distinguer dans le cinéma de Mike De Leon (de 1975 à 1976, départ du pouvoir du général Marco ; puis de 1987 à aujourd’hui), les thèmes ressassés sont bien souvent les mêmes : violence et militarisme d’un régime autoritaire, poids des traditions religieuses, pesanteur des structures familiales sur les individus. Mais là où un cinéaste classique pourrait répéter, avec les mêmes thèmes, le même film, Mike De Leon innove et investit différents genres. Dans C’était un rêve, un étudiant tombe amoureux d’une femme au foyer et dans Le Paradis ne se partage pas, la structure du mélodrame apparaît également.

Mike De Leon intrigue réellement dans son cinéma de genre. C’est ainsi Itim, son premier film impressionnant, tourné dans la maison de sa grand-mère, où un jeune photographe va se retrouver face à des fantômes et des hallucinations (on sent grandement l’influence du Blow Up d’Antonioni, film qui a fortement marqué Mike De Leon). Ou encore, film totalement fou, Kakabakaba Ka Ba ?, comédie d’espionnage avec une séance d’opéra rock digne du Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975).

Ces dernières années, le cinéma de Mike De Leon se fera plus politique, avec Héros du Tiers-Monde, biopic déguisé du héros national philippin José Rizal, et Citizen Jake, s’intéressant à un journaliste souhaitant dénoncer les méfaits de son père. En plus des huit films cités plus haut, Carlotta Films accompagne son beau coffret d’un film produit par le père de Mike De Leon (Portrait de l’artiste en Philippin, Lamberto V. Avellana, 1965), d’un documentaire (Signos, 1983) et de trois courts-métrages signés Mike De Leon (Aliwan Paradise, 1992 ; Kangkungan, 2019 ; Never Again, 2022) et de trois making-of d’époque.

Visuel : Coffret des huit films

« Le Livre invisible – Le Journal invisible » de Sergueï Dovlatov : Quotidien d’un dissident
« Moins que zéro » de Bret Easton Ellis : Retour sur un premier roman
Julien Coquet

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration