Cinema
Deux Antigones d’or pour la 41e édition de Cinemed : “Stiches” de Miroslav Terzic et “Sole” de Carlo Sironi

Deux Antigones d’or pour la 41e édition de Cinemed : “Stiches” de Miroslav Terzic et “Sole” de Carlo Sironi

27 October 2019 | PAR Yaël Hirsch

Ce samedi 25 octobre, c’était le dernier jour de l’édition 2019 de Cinemed. Un jour de soleil, de cinémas divers et de palmarès généreux, couronné par l’avant-première du troublant et inquiétant Seules les bêtes de Dominik Moll.

André Techiné était l’invité d’honneur de ce 41e Cinemed et ce samedi était l’occasion de revoir encore certains de ses films dont, à 10h, la belle histoire de mafia avec Catherine Deneuve, Les Voleurs, au Centre Rabelais (1996).

Après un délicieux déjeuner au Café de la Panacée et un dessert et café dans son jardin secret, à 13h30, le cinéma Diagonal et Cinemed organisaient une avant-première du Traître de Marco Bellocchio, en compétition officielle au dernier Festival de Cannes (lire notre article) et qui sera en salles mercredi prochain.

A 16:00 nous nous sommes replongés dans l’hommage à André Techiné en partant pour une destination pas du tout méditerranéenne, avec le Biarritz et la photo froide et merveilleuse de Bruno Nuytten. Direction la brume donc et la brûlure de la passion qui naît et se déverse sur Catherine Deneuve et Patrick Dewaere. La fin de Hôtel des Amériques est un concentré de nostalgie et nos frissons devant le visage impérieux de la grande Catherine en veuve romanesque n’ont pas pris une ride.

A 18h, grâce à Cinemed et à une série de courts-métrages nous avons découvert l’univers documenté et pointilleux du très prolixe réalisateur catalan Isaki Lacuesta. Notamment dans le court de 2018 Où en êtes vous Isaki Lacuesta ?, la réponse au Centre Pompidou donne un voyage entre la Belgique, la Russie, l’Afrique du Sud et l’Amérique du Sud, à la recherche du familier, volontiers en split screen. Jouant sur la rémanence rétinienne, cette leçon de cinéma nous explique cette magie du 7e art d’être ici et ailleurs …

Après un résumé du festival par les étudiants de l’ESJ, nous avons applaudi une dernière fois le générique de Cinemed. L’heure était au Palmarès de cette 41e édition.

Sur les 22 courts-métrages de la compétition, quatre ont été primés dont Je serai parmi les amandiers de Marie Le  Floc’h qui a reçu le prix du jury, Holy Family de Maragarida Lucas par les diffuseurs, Le chant d’Ahmed de Foued Mansour par le jury jeune, Antxoni de Ruben Sainz. Le prix jazz action de Montpellier est allé au compositeur Ahmed Mostafa Saleh pour la musique de Certified mail de l’égyptien Hisham Saqr.

Coté long, l’Antigone d’or a été remis non pas à un mais à deux films : Stiches de Miroslav Terzic (vu la veille, lire notre article) et Sole de Carlo Sironi. Une mention spéciale est allée à Madre de Rodrigo Sorogoyen. Le prix jeune public des activités sociales est allé au film sur la guerre du Liban de Oualid Mouanes : 1982. Le prix du public Midi Libre et le prix étudiant du CCU et du Crous qui couronne une première œuvre est allé à Deux de Filippo Meneghetti, (vu également la veille), où Barbara Sukowa et Martine Chevallier jouent deux femmes âgées amoureuses. Le prix de la critique est allé à Abou Leila de Amin Sidi-Boumediene, sélectionné à la Semaine de la critique au mois de mai dernier. Le prix du documentaire a récompensé Collective du roumain Alexander Nanau.

L’équipe du film n’a pas pu venir, c’est donc le directeur de Cinemed, Christophe Leparc qui nous a dit quelques mots. Inspiré par le roman de Colin Niel, Seules les Bêtes de Dominik Moll est un thriller “local” qui se passe dans les Cévennes, avec un petit tour par Abidjan, et où le réalisateur de Harry, un ami qui vous veut du bien sait distiller un climat inquiétant et drôle à la fois. Une femme bourgeoise (Valeria Bruni-Tedeschi, toujours parfaite) disparaît un soir de tempête dans l’arrière-pays. Autour d’elle, des ruraux ont peut-être vu quelque chose : Alice (Laure Calamy), son mari Michel (Denis Menochet) et puis son amant bourru Joseph (Damien Bonnard). Sauf que l’intrigue contient aussi une jeune et jolie rousse (superbe Nadia Tereszkiewicz) et un nerd lointain (Guy Roger N’Drin)… Diablement bien écrit, filmé au cordeau, avec des acteurs tous magnifiques et des surprises drôlement bien menées, Seules les bêtes est un petit bijou de film, terriblement drôle et dur sur les affinités humaines… Une pièce maîtresse, à l’écran avec Haut et Court le 4 décembre et qui clôture en beauté cette édition de Cinemed, dans l’attente déjà de la 42e édition en 2020.
visuel : A.S.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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