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[Critique] « Derrière la Colline », paranoïa et suspicion à la turque, film perturbant et enivrant

[Critique] « Derrière la Colline », paranoïa et suspicion à la turque, film perturbant et enivrant

08 April 2013 | PAR Hugo Saadi

[rating=3]

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Avec Derrière la Colline, le réalisateur turc Emin Alper signe son premier long métrage récompensé en 2012 au Festival de Berlin par la mention spéciale du meilleur premier film. Un film à l’atmosphère paranoïaque qui déroute le spectateur dénué de repère et laissé à lui même.

Emin Alper pose sa caméra sur ses terres natales, dans la campagne turque. On y découvre Faïk, un fermier solitaire qui mène sa vie tranquillement au pied d’une colline, aidé par un métayer et son fils. Son quotidien est totalement bouleversé lors de l’arrivée de son fils et de ses deux petits enfants de la ville. Il les met en garde contre des nomades qui traversent la région, supposés être dangereux. De multiples péripéties vont avoir lieu, le plus souvent hors champ. Le spectateur est alors mis devant le fait accompli, sans repère. Dans cette ambiance remplie de méfiance, le réalisateur joue avec nous grâce à une menace toujours invisible et des nomades que le spectateur ne verra jamais. Emin Alper décide d’angler son film sur une totale opposition de caractère : un petit-fils stupide s’amusant avec le fusil de son grand père, l’autre traumatisé par une guerre encore fraiche dans son esprit et le fils du métayer, sauvage et peu bavard.

Derrière la Colline est un mélange de genres, on passe d’un film à suspens à un film dramatique sans oublier la comédie noire. Affirmant avoir été influencé par Sergio Leone, Emin Alper nous offre de sublimes paysages avec un climat apaisé en contraste avec la tension développée par les protagonistes. Le film frôle donc les codes du western, avec d’un coté les américains et de l’autre les indiens. Enfin le film possède une photo splendide qui vient relever la passivité du scénario, bien que l’on ne s’ennuie jamais. Il nous arrive cependant d’être trop souvent en marge des péripéties, éloignement qui empêche de développer une empathie pour les personnages. La force du film est vraiment cette multitude de tempéraments et de personnages qui, au fil du film se confrontent et finissent par exploser dans un final plutôt agréable et surprenant.

Derrière la Colline, un drame de Emin Alper avec Tamer Levent, Reha Özcan, Mehmet Özgür, Turquie, 1h34, sortie le 10 avril 2013.

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Visuel : (c) memento films

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