Cinema

Deep End de Jerzy Skolimowski ou l’abstraction visuelle des fantasmes

02 July 2011 | PAR Coline Crance

Les éditions Carlotta ressortent le culte Deep end de Jerzy Solimowski avec le tout jeune mais brillant John Moulder-Brown et la sensuelle Jane Asher. L’année 2011 est bien celle du cinéaste polonais dont le dernier film Essential Killing avait été remarqué à la Mostra de Venise ; Jerzy Skolimowski bénéficie non seulement de la reprise de deux de ses films en salle, Walk Over et Deep end mais aussi d’une rétrospective lors de l’édition 2011 de Paris cinéma. Deep end bercé par la musique de Cat Stevens filme un couple épatant et décapant dans l’univers clos et étouffant des bains publics londoniens des années 70. Un chef d’oeuvre à découvrir.

Mike vient de sortir du collège et trouve un emploi dans un établissement de bains londoniens. Susan, son homologue féminin, arrondit ses fins de mois en proposant ses charmes à la clientèle masculine. Amoureux jaloux de la jeune femme, Mike devient encombrant.

Dans l’atmosphère chaude des bains publics, Jerzy Skolimowski filme les émois des sentiments naissants. Le jeune Mike, nouvellement employé pour tenir les cabines publiques d’un quartier populaire de Londres, rencontre la belle Susan aussi joueuse que mystérieuse. Cette relation et la violence des sentiments de Mike est la pierre angulaire du film. Mike ne peut aller à l’encontre de cette jalousie maladive et devient lui-même l’acteur par défaut du film de Jerzy Skolimowski. L’univers envoutânt des bains douches l’emporte et lui donne libre court à ses fantasmes. La pureté de son désir se blesse contre la perversité et le ridicule des clients journaliers qui transforment ces bains en triste maison close de fortune. A la âpre mais innocente découverte du désir amoureux se heurte alors le grotesque d’une réalité frustrée. Jerzy Skolimowski filme des corps instrumentalisés, figés qui se livrent à leurs désirs les plus primitifs. Le mécanique guide la sexualité de leurs corps mortuaires. Prisonnier de son fétichisme, Mike devient l’otage de la caméra de Jerzy Skolimowski dont le décadrage et les faux-raccords délibérés, créent une hostilité permanente, expression des blessures psychologiques et physiques du jeune homme. Les murs rouges, verts, jaunes, les cheveux roux de Jane Asher dans la neige sont autant de puissances visuelles qui poussent à leur paroysme  l’émotion contradictoire et destructrice des personnages. La voix rauque de Cat Stevens berce le bal de cette violente frénésie des sentiments et crie cette rage de vivre toujours main dans la main avec la mort, typique des années 70. Totale abstraction sentimentale,  cette envolée visuelle est l’un des chef d’oeuvres de Skolimowski. Un film sur les fluides, un film sur le sexe et la mort, à voir d’urgence !

Deep end, film de Jerzy Skolimowski avec Jane Asher et John Moulder-Brown. durée 1h31. sortie en salle le 13 juillet 2011.

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Coline Crance

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